UN ALBUM PEUT EN CACHER UN AUTRE

Olivier Van Vaerenbergh
Olivier Van Vaerenbergh Journaliste livres & BD

L’ALBUM DE LADY SIR EST DOUBLE: FRED BERNARD A MIS EN IMAGES ET EN BANDE DESSINÉE LA CRÉATION DE LEUR DISQUE. UN PARTENARIAT  » WIN-WIN  » COMME ON COMMENCE À EN VOIR BEAUCOUP.

Les rapports entre musique et BD ne datent évidemment pas d’hier mais il était jusqu’ici relativement rare de voir les deux mediums se développer en même temps, comme c’est le cas pour Lady Sir: parallèlement à la conception de leur disque, Gaëtan Roussel et Rachida Brakni ont accepté de se faire suivre et de raconter leur processus de création à Fred Bernard -l’auteur, entre autres, des Aventures de Jeanne Picquigny– pour donner corps à un album (de BD) sortant en même temps que l’album (de musique). But évident et à demi avoué de la manoeuvre: creuser le sillon d’un projet qui se veut réellement multimédia entre musique, écriture, cinéma et donc BD, tout en multipliant la visibilité de la « marque » Lady Sir. Gaëtan Roussel a lui-même brièvement évoqué le sujet: « C’est une sorte de journal de bord du disque, mais vu d’un autre angle. Au final, c’est surtout la BD de Fred Bernard: ses couleurs, son esthétisme, sa manière de nous voir… Les deux projets sont connectés évidemment, il y a des passerelles. Mais ils peuvent exister aussi de manière indépendante. » Et de fait, la BD Lady Sir se lit comme du pur Fred Bernard: un carnet de route extrêmement libre, volontiers poétique et onirique, qui multiplie les points de vue subjectifs et les techniques pour tenter de cerner un peu de cette magie de la création, sans que l’écoute du disque soit pour autant nécessaire.

De Cleet Boris à Gorillaz

Fred Bernard et Lady Sir ne sont pas les premiers, et encore moins les derniers, à avoir créé ainsi « la BD de l’album ». En 2011 déjà, le regretté Cleet Boris, ex-membre de l’affaire Louis Trio et excellent dessinateur, s’était lui-même chargé de faire le « journal d’un disque », à savoir le sien, La Maison de pain d’épice. Plus récemment, Étienne Daho s’était lui aussi laissé suivre par un dessinateur, en l’occurrence Alfred, pendant les cessions d’enregistrement de son LP, Les Chansons de l’innocence retrouvée, donnant ainsi naissance à l’album cette fois de BD L’Homme qui chante. Plus près de nous encore, le DJ Joseph d’Anvers a lui aussi craqué sur le principe: dans Les Jours incandescents, qui sortira en octobre prochain, il s’associe à Stéphane Perger pour adapter en courtes nouvelles dessinées les textes de son dernier opus, Les Matins blancs. Seul Gorillaz a depuis longtemps poussé l’idée un cran plus loin, en faisant de l’auteur Jamie Hewlett un membre à part entière du groupe, avec des dessins et un univers esthétique cette fois réellement indissociables les uns des autres.

LADY SIR, JOURNAL D’UNE AVENTURE MUSICALE DE FRED BERNARD, ÉDITIONS GLÉNAT, 120 PAGES.

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OLIVIER VAN VAERENBERGH

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