Olivier Van Vaerenbergh
Olivier Van Vaerenbergh Journaliste livres & BD

L’ESPAGNOL BOUCLE AVEC LOUP DE PLUIE SON WESTERN AUX AIRS DE TRAGÉDIE GRECQUE, ET S’OFFRE EN PEINTURE POUR QUELQUES JOURS ENCORE.

Loup de Pluie (tome 2)

DE RUBEN PELLEJERO ET JEAN DUFAUX, ÉDITIONS DARGAUD, 72 PAGES.

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Le western fait partie des genres les plus codés de la bande dessinée franco-belge, au passé glorieux, mais des plus lourds à porter. Pas simple de passer derrière les Jijé, Morris, Hermann ou Giraud, quitte à le démontrer: impossible de faire mieux. Autant, donc, faire autrement. Une attaque du genre par les flancs qui lui donne actuellement une seconde jeunesse, et qui a visiblement guidé l’Espagnol Ruben Pellejero: « J’ai cherché la sensation du western plutôt que le western. L’esprit plus que le grand dessin, en m’éloignant un peu des références comme Giraud. » Difficile en effet de confondre son Loup de Pluie avec d’autres références BD: ce western-là ressemble surtout à ses auteurs.

Un trait noir très prononcé, bien plus que la normale, presque déroutant, et qui tranche avec des couleurs extrêmement vives et marquées: on reconnaît depuis près de 30 ans la patte Pellejero au premier coup d’oeil, du Silence de Malka en 1997 en passant par ses albums Aire Libre. Mais jusqu’à Loup de Pluie, pas de western. « Je pensais qu’il s’agissait presque d’une spécialité en BD. Mais c’est Jean Dufaux qui me l’a proposé, il voulait se lancer là-dedans, précisément, avec moi… Et très vite son récit, original, intimiste, m’a aidé à penser en termes de lumière, de compositions et d’ambiances plutôt qu’aux détails ou aux « codes ». Et trouver ainsi mon inspiration dans d’autres références, du cinéma de John Ford à d’autres dessinateurs, italiens ou argentins. »

Claque à l’acrylique

Atypique donc, comme l’a voulu le scénariste Jean Dufaux: l’argument de départ de son western tient dans une famille de fermiers absolument hors normes, puisque pas réfractaires aux Indiens! Une piqûre de progressisme dans un monde manichéen voire raciste, qui va provoquer son lot de tragédies comme il les aime: violentes, intra-familiales, souvent injustes. Du pain bénit pour Ruben Pellejero. Lequel, bien que maître des ambiances tragiques voire fantastiques, et comme on l’a dit d’un trait noir très identifié, s’amuse aussi à nous surprendre: à côté de ses planches en noir et blanc que l’on peut découvrir pour quelques jours encore à la Galerie Champaka, dans le quartier du Sablon à Bruxelles, on découvre, aussi, surtout, une dizaine de superbes peintures, grand format, à l’acrylique. Sans trait noir, mais toujours dans l’univers de Loup de Pluie. Une claque, où résonne encore les mots de l’auteur: la sensation du western plutôt que le western.

EXPOSITION CHAMPAKA, JUSQU’AU 10/11, 27 RUE ERNEST ALLARD, 1000 BRUXELLES.

WWW.GALERIECHAMPAKA.COM

OLIVIER VAN VAERENBERGH

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