[Critique ciné] Millenium: Ce qui ne me tue pas, une banale série B au budget démultiplié
THRILLER | Incapable d’insuffler de la vie et de l’épaisseur à son scénario, Álvarez pèche par excès de solennité. Un film sans grande personnalité…
De Fede Álvarez, cinéaste uruguayen ayant en partie grandi à… Louvain-la-Neuve et s’étant fait une spécialité des productions de genre anglo-saxonnes, on se souvient de l’honnête remake d’Evil Dead (2013) mais surtout de Don’t Breathe (2016), sympathique petit huis clos horrifique à même de faire passer le goût des poires à lavement. Sept ans après The Girl with the Dragon Tattoo de David Fincher, c’est donc à lui qu’incombe aujourd’hui la lourde tâche de reprendre à son compte une franchise qui n’en est pas vraiment une. Adapté non plus de Stieg Larsson mais bien de son successeur David Lagercrantz, le nouveau Millenium joue la carte immédiate du thriller technophile gonflé aux morceaux de bravoure très graphiques. Quasiment inexistant, le personnage de Mikael Blomkvist laisse toute la place à celui, très athlétique, de Lisbeth Salander (Claire Foy), star quasiment unique d’un film sans grande personnalité se contentant d’une variation féminisée des modèles avoués que sont ici James Bond et Ethan Hunt -cette séquence, soufflante, de moto sur un lac gelé. Si l’action est costaude, elle lorgne aussi indolemment la grammaire systématisée des jeux vidéo les plus bourrins. Incapable d’insuffler de la vie, et même un peu d’épaisseur, à son petit théâtre glacé de la noirceur hanté par le spectre de l’enfance abusée, Álvarez pèche en outre par un excès rédhibitoire de solennité, pour ce qui n’est au fond qu’une banale série B au budget démultiplié dont la boucle narrative se prévoit à des kilomètres. Objectivement un peu court.
De Fede Álvarez. Avec Claire Foy, Sverrir Gudnason, Sylvia Hoeks. 1h56. Sortie: 21/11. **(*)
Vous pouvez modifier vos choix à tout moment en cliquant sur « Paramètres des cookies » en bas du site.
Vous avez repéré une erreur ou disposez de plus d’infos? Signalez-le ici