Critique

[Le film de la semaine] Colette, belle époque

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Jean-François Pluijgers
Jean-François Pluijgers Journaliste cinéma

DRAME/BIOGRAPHIE | Wash Westmoreland (Still Alice) consacre un biopic inspiré à la femme de lettres émancipée, pour un film transcendé par la présence de Keira Knightley.

Esprit brillant doublé d’une femme émancipée ne faisant notamment nul mystère de sa bisexualité, Colette (née Sidonie-Gabrielle Colette) aura électrisé la Belle Époque en plus de laisser aux lettres françaises diverses oeuvres majeures (au premier rang desquelles Chéri, porté à l’écran avec un incontestable bonheur par Stephen Frears en 2009, et Gigi, à l’origine du musical de Vincente Minnelli en 1958). Après Danny Huston, pour Becoming Colette (où elle était campée par Mathilda May), et Nadine Trintignant, pour le téléfilm Colette, une femme libre (avec Marie Trintignant dans le rôle-titre), c’est au tour de Wash Westmoreland, le réalisateur du fort estimable Still Alice. De lui consacrer un film biographique; un projet qu’il caressait, avec son défunt mari Richard Glatzer, depuis une vingtaine d’années déjà.

Élan stimulant

L’histoire de Colette (Keira Knightley), Westmoreland l’entame alors que, jeune provinciale, elle fait l’objet d’une cour assidue d’Henry « Willy » Gauthier-Villars (Dominic West), écrivain doublé d’un coureur et d’un mondain patenté qui, une fois mariés, l’introduit dans la société parisienne des années 1900. Le décalage est palpable, la jeune femme ne tarde pas à trouver ses marques, sa créativité en éveil, que Willy détourne à son profit, s’attribuant la paternité des Claudine, récits à la sensualité affirmée qu’elle a pourtant écrits. Le succès est au rendez-vous, et leur entreprise florissante, même si leur union bat de l’aile, Colette, lasse des aventures de son mari et écoutant son désir, entamant une liaison avec la marquise de Belbeuf (Denise Gough) en même temps qu’elle va s’employer à se libérer de son emprise, se réappropriant son art, jusqu’aux scènes de music-hall…

[Le film de la semaine] Colette, belle époque

S’il présente les attributs classiques du film d’époque, au premier rang desquels le soin apporté à la reconstitution, Colette va aussi au-delà, vibrant avec son personnage central au gré d’une mise en scène fluide et tactile. Si les puristes renâcleront sans doute en entendant l’autrice de Chéri s’exprimer dans la langue de Jane Austen, il n’y a là que réserve de pur principe cependant. S’effaçant derrière son sujet, Wash Westmoreland réussit à en traduire limpidement l’élan, célébrant l’indépendance et l’audace de celle qui osa braver les conventions de son temps, et saluant tout à la fois l’écrivain et la femme dans une stimulante geste féministe dont la résonance avec notre époque n’a point besoin d’être soulignée. Il fallait une actrice à l’éclat rayonnant et à l’intelligence effervescente pour camper un tel personnage. À l’instar de celui d’Elizabeth Bennet dans Pride & Prejudice, ou encore d’Anna Karenina, Keira Knightley trouve ici un rôle emblématique. On mesure le chemin parcouru depuis ce jour faste de 2002 où Bend It Like Beckham révéla l’actrice britannique…

De Wash Westmoreland. Avec Keira Knightley, Dominic West, Denise Gough. 1h51. Sortie: 16/01. ****

>> Lire également notre dossier sur Colette et l’interview de Keira Knightley dans Weekend.

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