Critique | Livres

Trafik, condensé d’humour illicite made in Fluide Glacial

Le F.I.S.T. (Fonds interministériel pour la sauvegarde des traditions) - détail de la couverture © Fluide Glacial
Olivier Van Vaerenbergh
Olivier Van Vaerenbergh Journaliste livres & BD

Fluide Glacial inaugure une nouvelle collection avec trois albums d’une totale liberté de ton. Et un premier gang de trafikants à suivre de près.

« Du bon matos, qui défonce bien et pour pas cher. » Ainsi se présente la nouvelle collection, Trafik, inaugurée par Fluide Glacial, et immédiatement reconnaissable: des albums souples comme on n’en faisait plus depuis longtemps avec le -petit- prix qui va avec; des couvertures très graphiques marquées de noir; une promo qui veut faire de ces BD pour adultes et grands ados une véritable drogue dure; et puis des titres (trois) et des auteurs (cinq) qui ont fait de la provoc’ et du politiquement incorrect leur marque de fabrique. Ainsi Le F.I.S.T. de Terreur Graphique et Jorge Bernstein, où un fonctionnaire aime effectivement taper du poing sans pour autant en faire une pratique sexuelle… Comme titre accrocheur, et disons interpellant, on a rarement fait mieux: le F.I.S.T. signifiant bien entendu « Fonds interministériel pour la sauvegarde des traditions ».

Trafik, condensé d'humour illicite made in Fluide Glacial
© Fluide Glacial

Packaging et bandessinées

Un condensé d’humour illicite, Trafik? Plutôt une tentative intelligente et tout en « umour et bandessinées », comme dit Fluide depuis près de 40 ans, pour faire sortir du lot des albums, des histoires complètes et des auteurs déjà bien présents dans les pages du magazine français, et effectivement représentatifs de l’esprit qui y règne depuis que Yann Lindingre en a repris les rênes, il y a deux ans: un humour potache, incorrect voire trash qui se joue des limites et de l’autocensure, des graphismes modernes à faire s’évanouir d’effroi les amateurs de ligne claire, et une ligne éditoriale libertaire et décomplexée où, de fait, tout est permis. Bref, Trafik est avant tout un exercice de packaging, mais bien de son époque et de ses auteurs. Si Pixel Vengeur, dessinateur des Caniveaux de la gloire, ne peut être considéré comme un newcomer -on le croise depuis 20 ans-, il se mêle à merveille à cette bande de jeunes chiens fous pour la plupart très actifs sur les réseaux sociaux, et qui osent rire de tout. Ainsi Jorge Bernstein, scénariste du F.I.S.T. et nouvelle machine à gags de Fluide, qui y mène pas moins de quatre nouvelles séries avec autant de dessinateurs. Nicolas Pinet, lui, a mené son Vaudevilles tout seul comme un grand: ce jeune auteur complet passé par Saint-Luc à Liège s’offre ainsi un premier album inclassable, où son dessin minimaliste proche d’un Tofépi et ses couleurs tranchées se marient parfaitement à ses récits très, très absurdes. On lui promet un bel avenir, comme à cette collection, qui s’enrichira d’autres titres dès 2015.

  • Le F.I.S.T., de Terreur Graphique et Jorge Bernstein, éditions Fluide Glacial, 48 pages.
  • Les Caniveaux de la gloire, de Pixel Vengeur et Monsieur Le Chien, éditions Fluide Glacial, 64 pages.
  • Vaudevilles, de Nicolas Pinet, éditions Fluide Glacial, 48 pages.

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