Top-cases (6/6): les lignes de vitesse, une dynamique dans le dessin

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Olivier Van Vaerenbergh
Olivier Van Vaerenbergh Journaliste livres & BD

Chaque semaine, décryptage express d’un gimmick graphique propre à l’univers de la BD. Cette semaine: les lignes de vitesse.

Quoi

Comme leur nom l’indique, les lignes de vitesse ou traits de mouvement permettent, en bande dessinée, d’exprimer l’impression de vitesse et de mouvement dans une scène par essence figée, créant une dynamique dans le dessin. Ils peuvent également suggérer la perspective ou devenir, en soi, de véritables décors.

Origine

L’histoire de la BD et de l’expression de la vitesse en dessin sont intimement liées: la bande dessinée a pris son essor au début du XXe siècle aux États-Unis, en même temps que l’automobile. George Herriman dès 1902 (dans Prof. Otto and his auto), Opper en 1903 (Happy Hooligan) ou Sidney Smith en 1908 (Old Doc Yak) font de la voiture le sujet de leurs planches et strips, et usent de « simples » traits pour en exprimer le déplacement, additionnés à de légères déformations du véhicule pour en exprimer l’intensité -exactement comme Hergé dans Tintin au pays des Soviets, en 1929. Mais peu d’auteurs européens intègrent ces lignes dans l’esthétisme même de leur dessin, sauf peut-être l’Italien Jacovitti dans les années 60 avec son survolté et surchargé Zorry Kid ou le Belge François Schuiten, très influencé par la manière dont les mangakas retranscrivent, eux, l’expression du mouvement. Les lignes de vitesse, certes d’abord dans une perspective d’économie de moyens, font en effet partie intégrante de l’esthétique manga et « seinen », ces mangas destinés aux jeunes adultes masculins. L’exemple parfait reste Akira, dessiné par Katsuhiro Otomo dès 1982: des planches entières y sont constituées pour l’essentiel de lignes de vitesse.

Top-cases (6/6): les lignes de vitesse, une dynamique dans le dessin

Anecdote

Il faudrait un livre entier pour tenter de faire le tour de l’expression de la vitesse et de la retranscription du mouvement en bande dessinée. Philippe Capart, éditeur responsable du magasin-magazine La Crypte Tonique, à Bruxelles, s’en est d’ailleurs chargé il y a cinq ans: on peut encore trouver son L’oeil sur rails dans sa boutique ou en ligne. Il fut d’une aide particulièrement précieuse dans la conception et les références de cette modeste série d’été. Qu’il en soit ici vivement remercié.

(AVEC L’AIDE PRÉCIEUSE DU MAGASIN-MAGAZINE LA CRYPTE TONIQUE)

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