Critique | Livres

Le Musée d’Orsay, plonké et replonké

© Musée d'Orsay/Futuropolis
Olivier Van Vaerenbergh
Olivier Van Vaerenbergh Journaliste livres & BD

Pour fêter ses 30 ans, le Musée d’Orsay a confié son catalogue au collectif suisse Plonk & Replonk, spécialiste du détournement rigolo.

Avec cet Art d’en bas, le Musée d’Orsay tord le cou à deux clichés: de un, les institutions muséales, officielles et françaises ne sont pas nécessairement des pète-sec. Et de deux, l’humour est un art qui se pratique avec beaucoup de sérieux. La preuve donc par ce catalogue raisonné dirigé par Plonk & Replonk, un collectif d’artistes suisses (Plonk & Replonk ne sont pas deux mais trois, eux-mêmes secondés par toute une équipe) célèbre pour ses vraies-fausses cartes postales Belle Epoque et son goût pour les détournements en tout genre, surtout bien faits. Pour fêter son trentième anniversaire, le Musée d’Orsay a osé leur ouvrir l’intégralité de ses collections et surtout leur laisser carte blanche pour donner corps à un vrai-faux catalogue muséal, qui -et ce n’est pas la moindre des qualités- donne furieusement envie de revoir les oeuvres originales après s’être bien gondolé sur leurs détournements.

Impressionnisme et pop culture

Le Musée d'Orsay, plonké et replonké

On connaissait déjà, peut-être, Gustave Courbet, Vincent Van Gogh, Jean-Paul Laurens, Ernest Meissonier ou Jean-François Millet, artistes-peintres au coeur de ce musée consacré à l’art occidental de l’entre-deux siècles. On découvre par contre cette fois les oeuvres d’artistes « abusivement taxés de mineurs » mais directement inspirés des précédents que sont Georges Deboulesmorts, Désiré Petitcoin, Jean-Charles Errance, Narcisse Sapeure ou Samuel Onvamieu-Cematin. Des artistes et des oeuvres issus d’une collection soi-disant oubliée d’un certain Hippolyte de l’Apnée, et qui « n’ont eu pour seul tort que d’avoir marqué un pas de côté. Un tout petit pas qui leur valut l’exclusion du tableau d’honneur », explique en préambule le vrai-faux commissaire de ce vrai-faux catalogue, Anatole de Pompaples. Ce « petit pas de côté » peut prendre l’apparence de marques de bronzage, d’un doigt dans le nez, d’une perche à selfie ou d’une réunion Tupperware, ou de manière générale, de tout artifice intégré à des tableaux de maître, rappelant la pop culture d’aujourd’hui et son évidente vacuité. Une manière de faire et de détourner qui se révèle un peu systématique sur la longueur du catalogue, mais qui s’exprime autant sur des tableaux que sur des photos ou des sculptures. Chaque oeuvre est également accompagnée de son explication évidemment déraisonnée mais aussi, bonne idée, d’une discrète incise rappelant le nom et l’auteur de l’oeuvre originale, cette fois sans rire. De quoi donner envie -c’est évidemment le but- de retourner au Musée d’Orsay armé du catalogue de Plonk & Replonk pour y pister les détournements. Certains ne sont pas subtils, mais tous sont superbement bien faits. On y croirait.

L’ART D’EN BAS AU MUSÉE D’ORSAY, LE CATALOGUE RAISONNÉ DIRIGÉ PAR PLONK & REPLONK, ÉDITIONS MUSÉE D’ORSAY/FUTUROPOLIS, 144 PAGES. ****

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