Le « Make good art » de Neil Gaiman

© POCHEP
Olivier Van Vaerenbergh
Olivier Van Vaerenbergh Journaliste livres & BD

To-do or not to-do list (6/8). Quand des artistes alignent, pour résumer ou pour rire, les choses à faire et à ne pas faire dans leurs pratiques. Une série illustrée par Pochep.

– Un mari qui s’enfuit avec un politicien? Faites-en de l’art.

– Les jambes écrasées puis mangées par un boa constrictor mutant? Faites-en de l’art.

– Les impôts sur le râble? Faites-en de l’art.

– Le chat a explosé? Faites-en de l’art.

– Quelqu’un sur Internet pense que ce que vous faites est stupide, maléfique ou déjà fait? FAITES-EN DE L’ART.

– Les choses s’arrangeront probablement d’une manière ou d’une autre, et le temps finira par éliminer la piqûre, mais ça n’a pas d’importance. Faites ce que vous seul faites le mieux. Et faites-en de l’art.

– …

« Make good art. » L’expression, lancée en 2012 par l’auteur anglais Neil Gaiman devant un parterre de diplômés de l’University of the Arts de Philadelphie (qui, comme son nom l’indique, forme des artistes), est difficile à traduire (« faire du bon art« , bof). On a donc choisi de le paraphraser au plus simple, puisque c’était là le fond de son propos: quoiqu’il vous arrive dans la vie, bonheurs, malheurs ou accidents, transformez-le en art et tirez-en quelque chose de positif. Ce conseil n’était en réalité qu’un petit bout de son speech, long de très exactement 19 minutes et 54 secondes comme on le trouve, à foison, sur la Toile.

Ce discours, filmé par un quidam qui assistait à ce moment solennel, est devenu immédiatement viral pour tous les adeptes de la pensée positive. Dans son discours, l’homme qui a révolutionné la fantasy et le comics anglais (avec, entre autres, Sandman, Stardust, Coraline, L’Étrange Vie de Nobody Owens ou encore American Gods, désormais adapté en série), et qui n’a jamais eu le moindre diplôme, prodiguait d’autres conseils intéressants et argumentés (« Quand vous commencez, vous ne savez pas ce que vous faites; soyez fier de votre travail; faites des choses dont vous n’êtes pas sûr; faites semblant d’être quelqu’un qui peut le faire« ), mais aucun n’aura eu un impact aussi fort que ce « Make good art » devenu un véritable hymne qui s’affiche désormais en t-shirt, en poster et même en livre.

Après avoir constaté que ce discours battait tous les records de vues de tous les autres discours donnés à la University of Arts, son éditeur américain décida de le publier intégralement en 2018, accompagné de deux autres discours de Neil Gaiman, l’un pour promouvoir les bibliothèques et la lecture, l’autre sur l’importance de persister et d’essayer, toujours. Une publication traduite en français et parue au Diable Vauvert l’année dernière sous le titre L’art compte: parce que votre imagination peut changer le monde, et qui fait aujourd’hui le bonheur de tous les adeptes du développement personnel.

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