« J’adore la mamie d’Agrippine »

© Émilie Plateau
Olivier Van Vaerenbergh
Olivier Van Vaerenbergh Journaliste livres & BD

Émilie Plateau redessine Agrippine et l’ancêtre, par Claire Bretécher, 1998.

Pourquoi cette couverture et/ou cet auteur vous a marquée?

Quand j’étais enfant, je lisais beaucoup de bandes dessinées, surtout Tintin et Astérix. Et, arrivée au début de l’adolescence, je suis tombée sur les BD de Claire Bretécher. Je ne sais plus par laquelle j’ai commencé mais je suis devenue complètement accro. Dès que je croisais un bouquiniste, je me précipitais à l’intérieur et j’allais à la lettre B, à la recherche des Frustrés, des Mères et des Agrippine. C’est comme ça que je me suis retrouvée avec des Docteur Ventouse, bobologue tome 2 en double, des Mères version album cartonné, version poche… C’était compliqué pour moi de choisir une de ses bandes dessinées, en particulier pour cet exercice de mémoire. Et si j’ai choisi ce titre en particulier, c’est parce que j’adore la représentation de l’arrière- grand-mère d’Agrippine. Cette petite mamie toute petite dans son fauteuil. Je la trouve touchante et très drôle à la fois.

En quoi a-t-elle eu une influence sur la lectrice et l’autrice que vous êtes?

J’ai lu et relu des dizaines de fois les bandes dessinées de Claire Bretécher et je les lis encore régulièrement. C’est pour moi une grande source d’inspiration. Quand j’étais ado, j’ai eu un déclic grâce à elle et à Annie Goetzinger, deux autrices dont j’avais quasiment toutes les publications. Je me suis dit que s’il y avait deux femmes dans ce milieu très masculin, je pourrais peut-être trouver ma place aussi. Elles m’ont donné de l’espoir! J’aime le regard que Claire Bretécher porte sur la société, son humour, les positions des personnages, la nonchalance, tout le vocabulaire qu’elle a inventé, les thématiques qu’elle aborde, parfois très en avance sur son époque. Elle a une touche unique. Dans mes bandes dessinées autobiographiques, j’ai l’habitude de dessiner des personnages statiques, je change rarement de point vue, tout est toujours frontal. Je me place en tant qu’observatrice des situations que je mets en scène. Je m’attarde aussi beaucoup sur les dialogues. Et puis j’adore dessiner mes personnages dans des canapés, dans des lits, à des tables. Le travail de Claire Bretécher a eu une immense influence sur ce que je fais pour toutes ces raisons.

À la redessiner ainsi de mémoire, pensez-vous en avoir gardé un souvenir précis?

Je pense ne pas trop me tromper sur l’idée générale, mais sur les détails, à mon avis, ça doit être la cata! Ce dont je suis sûre, c’est que la grand-mère porte un gilet vert, que son fauteuil est bleu violet et que ses pieds ne touchent pas le sol. C’est difficile de retranscrire les attitudes des personnages, les vêtements un peu tout mous d’Agrippine. Je ne suis pas sûre pour le pull qu’elle porte. Mon interprétation manque un peu de peps, de traits nerveux à la plume qui a bien été grattée sur le papier! Je crois aussi que tous les titres de Claire Bretécher sont toujours écrits à la main, sans doute pas vraiment comme ça mais dans l’idée, un peu!

Dernier album d’Émilie Plateau paru: Noire, la vie méconnue de Claudette Colvin, Éditions Dargaud.

Chaque semaine, un.e auteur.e redessine et commente -sans la regarder!- la couverture d’un album qui lui est cher

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