Décès du dessinateur Benoît Sokal
Le dessinateur de bande dessinée Benoît Sokal, créateur de la série Canardo, est décédé à l’âge de 66 ans, ont annoncé samedi les éditions Castermann.
« Sokal a véritablement réinventé une forme de récit satirique adulte, influencé à ses débuts par l’ironie de la Série noire, la figure du détective privé (de Marlowe à Columbo), et la nervosité de l’encrage de Franquin. Par ses dialogues cyniques et ses personnages pittoresques, Canardo aura marqué l’entrée du catalogue Casterman dans l’âge adulte », a salué son éditeur.
Né en 1954 à Bruxelles, Benoît Sokal a étudié la bande dessinée à l’Institut Saint-Luc, notamment aux côtés de son ami François Schuiten.
L’inspecteur à la tête de canard est d’abord apparu dans le magazine de BD, A Suivre, avant que les enquêtes de ce privé désabusé et alcoolique ne soient publiées par Casterman au début des années 80. Plus d’une vingtaine d’albums, certains traduits en dix langues, ont été publiés jusqu’en 2018 avec le dernier de la série, « Un con en hiver ».
Le Belge est décédé des suites d’une longue maladie à Reims (France) où il vivait depuis de nombreuses années, selon son ami François Schuiten qui collaborait avec lui pour la BD « Aquarica » (2017).
« Canardo est une série très importante. C’est l’anti-héros parfait, un alcoolique insupportable, qui a beaucoup de tares. A la fin des années 70, c’est un personnage qui va devenir l’un des emblèmes d’A Suivre, qui a révélé beaucoup d’auteurs », rappelle François Schuiten.
Benoît Sokal concevait à la fois les dessins et les scénarios de l’Inspecteur Canardo.
Sokal avait commencé des études de vétérinaire avant d’entrer à l’Institut des arts Saint-Luc de Bruxelles, sa ville de naissance. Il a notamment été influencé par le dessinateur animalier René Hausman et son univers féérique.
« Pour lui, les animaux pouvait révéler quelque chose de plus unique, de plus cinglant que ce qu’il pouvait faire avec des personnages humains », souligne François Schuiten.
Pionnier dans plusieurs domaines liés aux nouvelles technologies
« En plus des 25 aventures de Canardo publiées pendant quatre décennies, Sokal fait figure de pionnier dans plusieurs domaines liés aux nouvelles technologies. Il est par exemple l’un des premiers à expérimenter la mise en couleurs informatique, dès 1994. À la veille de l’an 2000, Benoît Sokal lance son premier jeu vidéo, L’Amerzone, qui connaît un immense succès critique et public à travers le monde, avec plus d’un million d’exemplaires vendus », rappelle Casterman.
« Dans l’univers des jeux vidéo, il avait une touche très personnelle, un univers très original, c’est assez rare », estime François Schuiten.
Schuiten, qui a travaillé plusieurs années avec Sokal sur le scénario des premier et deuxième volume d’Aquarica, dont Sokal réalisait les dessins, achèvera les dernières pages de l’album dont la sortie est prévue l’année prochaine.
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