Angoulême: l’Américain Richard McGuire, Fauve d’Or d’un festival agité

Pozla, Prix spécial du jury pour son Carnet de santé foireuse. © AFP/Georges Gobet
FocusVif.be Rédaction en ligne

Le dessinateur américain Richard McGuire, 58 ans, a reçu samedi soir la consécration suprême pour un auteur de BD avec le Fauve d’Or du meilleur album de l’année du Festival international de la bande dessinée d’Angoulême.

L’auteur américain a été récompensé pour son roman graphique Ici (Gallimard). Rien ne bouge mais tout change, dans cet album de 300 pages qui dynamite les codes classiques de la BD. Ici raconte l’histoire d’un lieu, vu d’un même angle, et celle des êtres qui l’ont habité à travers les siècles.

Angoulême: l'Américain Richard McGuire, Fauve d'Or d'un festival agité

Dans cet espace délimité, les existences se croisent, s’entrechoquent et se font étrangement écho, avant d’être précipitées dans l’oubli. Artiste inclassable, Richard McGuire réussit à entraîner son lecteur dans une expérience sensorielle inédite, puissante et presque magique du temps qui passe.

Le graphiste américain, collaborateur régulier du New Yorker, actuellement en Colombie, était absent pour la remise du prix.

Un canular peu apprécié

Lors de la cérémonie de clôture du festival, le maître de cérémonie Richard Gaitet a présenté un faux palmarès qui n’a pas été du goût de tous les professionnels présents. Durant la soirée, le journaliste a ainsi dressé un faux palmarès à partir de la liste officielle des ouvrages. Supercherie qui a si bien fonctionné que, selon Le Monde, « la plupart des éditeurs concernés ont cru avoir reçu un prix et ont même eu le temps, pour certains, de prévenir leurs auteurs par texto quand ceux-ci n’étaient pas dans la salle ».

Le FIBD a jugé utile de préciser par la suite que « ces « faux Fauves » attribués à des animaux auraient pu à tort installer la confusion dans les esprits quant à leur propre oeuvre et à leur statut de lauréats potentiels ». Le festival poursuit: « On peut regretter que le registre humoristique de cette séquence n’ait pas été partagé ni apprécié par tous, et l’organisation du Festival se tient prête à présenter par écrit ses regrets à ceux des auteurs de bande dessinée qui auraient pu se sentir froissés par cette séquence. »

Richard Gaitet, visiblement touché par l’ampleur de la polémique, s’est excusé dans une lettre publiée par Le Monde.

« J’espère qu’il n’y aura pas de deuxième tome »

40 titres, dont 12 signés ou cosignés par des femmes, étaient en compétition pour décrocher le prestigieux Fauve d’Or du meilleur album de BD de l’année.

L’an dernier c’est Riad Sattouf qui avait remporté le prix avec le premier tome de son Arabe du futur (Allary), récit de son enfance en Libye puis en Syrie.

Le prix spécial du jury est allé à Carnet de santé foireuse (Delcourt) de Pozla qui raconte avec humour et sans fard ses moments passés à l’hôpital, en famille et au travail alors qu’il est atteint de la maladie de Crohn. Très ému, Pozla a expliqué qu’il avait « dessiné pour survivre ». « J’espère qu’il n’y aura pas de deuxième tome », a-t-il ajouté.

Le prix de la série est revenu au premier tome de Ms Marvel (Panini) de l’Américaine Gwendolyn Willow Wilson et du Canadien Adrian Alphona. Alors que le Festival a été accusé de sexisme, Gwendolyn Willow Wilson est la seule femme distinguée cette année. Tous les autres auteurs récompensés sont des hommes.

Le prix du public auquel quelque 20.000 personnes ont participé est allé à l’album Cher pays de notre enfance – Enquête sur les années de plomb de la Ve République (Futuropolis) d’Etienne Davodeau et Benoît Collombat et le prix polar-SNCF est revenu à Tungstène (çà et là) du Brésilien Marcello Quintanilha.

Le prix révélation qui distingue l’oeuvre d’un auteur en début de parcours artistique a été attribué à Une étoile tranquille – Portrait sentimental de Primo Levi (Rackham) de l’Italien Pietro Scarnera.

Le prix du patrimoine est revenu à Vater und Sohn – Père et fils (Warum) du dessinateur anti-nazi allemand Erich Ohser dit E.O. Plauen, mort en 1944 après avoir été arrêté par la Gestapo.

Le prix jeunesse avait déjà été attribué jeudi au Grand méchant renard (Delcourt) de Benjamin Renner. Mercredi soir, le Grand prix de la ville d’Angoulême avait été attribué au dessinateur belge Hermann pour l’ensemble de son oeuvre.

Du côté du off c’est la dessinatrice tunisienne Nadia Khiari qui a été distinguée en recevant le prix « Couilles au cul » récompensant « le courage artistique d’un auteur ». « Je dédie ce prix à tous ceux qui privilégient la liberté à la sécurité, ceux qui n’ont pas peur, ceux qui résistent », a dit la dessinatrice âgée de 42 ans.

Le Festival international de la BD d’Angoulême fermait ses portes dimanche. Depuis sa création en 1973 et avec une fréquentation moyenne de 200.000 personnes chaque année, Angoulême est le premier festival consacré à la bande dessinée en Europe.

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