Live Magazine, l’info-spectacle

Répétition du Live Magazine au Théatre de l'Atelier, à Paris, en juillet dernier. © Alain Tendero/Divergence
Olivier Van Vaerenbergh
Olivier Van Vaerenbergh Journaliste livres & BD

Un « vrai » journal mais vivant, réalisé sans papier ni écran ni captation: ce mercredi se tiendra à Bozar le premier Live Magazine belge, au casting tenu secret mais à la formule déjà rodée.

Sur scène, en direct, sans filet ni aucune autre occasion de voir ou d’entendre ce magazine-là: Live Magazine débarque à Bruxelles et à Bozar, après San Francisco, Paris et d’autres villes européennes. Un happening bien dans l’esprit de l’époque, entre « conferencemania » (voir plus bas) et réflexion autour de l’information. Ce « journal vivant, sans papier ni écran », invitera ce soir-là une vingtaine d’intervenants sur scène -journalistes, auteurs, photographes, témoins-, lesquels auront alors exactement six minutes pour raconter leur récit, usant s’ils le veulent de vidéos, de photos, de musique… On trouvera là des rubriques (économie, culture, sport, portrait…) et même des pages de pub insérées dans le spectacle. Bref, un « vrai » journal, juste vivant et éphémère, et qui ne laissera aucune trace, si ce n’est le souvenir que les spectateurs en garderont. Raison pour laquelle, aussi, nous ne pourrons pas ici vous dévoiler le contenu de cette première soirée: « Le spectacle est vraiment à vivre en direct, c’est la base », nous a expliqué Ariane Papeians, organisatrice d’événements installée à Ixelles, et immédiatement acquise au concept, qu’elle s’est chargée d’importer en Belgique, avec la complicité des fondateurs. « Il n’y a jamais non plus deux fois le même spectacle ou les mêmes intervenants. Soit on y est, soit on le rate. Il n’y a même pas de photos. » Un magazine pour happy few donc, mais qui marche: jusqu’ici, toutes les salles étaient pleines. Cette première belge est d’ailleurs un essai, financé uniquement grâce à la SAJ (Société des journalistes) et la vente de tickets. « Bozar n’est pas encore partenaire: on a loué la salle à nos frais. Mais si ça marche, on aimerait en produire là deux ou trois par an. Et rayonner ailleurs en Belgique. »

Répétition du Live Magazine au Théatre de l'Atelier, à Paris, en juillet dernier.
Répétition du Live Magazine au Théatre de l’Atelier, à Paris, en juillet dernier.© Alain Tendero/Divergence

Tradition orale

« Un journal vivant, en tant que journaliste, ça m’a tout de suite titillée, explique pour sa part Florence Martin-Kessler, fondatrice et rédactrice en chef de ce journal qui ne se feuillètera jamais aux toilettes ou dans le métro. Nous cherchons tous depuis longtemps d’autres manières de raconter l’information, complémentaires au flux, énorme, que représente désormais l’actualité. On renoue donc ici avec une tradition orale et une approche plus personnelle: le coin du feu où l’on se raconte des histoires. Chaque intervenant a ainsi été choisi sur ce principe: être le seul à pouvoir raconter son histoire, en lien avec une actualité qu’il est aussi le seul à avoir vécue de la sorte. » Il s’agit donc d’un retour au « je », et d’une approche plus littéraire du traitement de l’information, courante chez les Anglo-Saxons, plus rare chez nous, et pour laquelle chaque intervenant a pu bénéficier d’un coaching. « Nous aurons ici des professionnels du récit, mais pas de la scène, et qui n’ont d’ailleurs rien à vendre d’autre que leur expérience. Le reste tient de l’équilibre, comme pour tout journal: un équilibre homme/femme, connus et inconnus, Belges et non Belges. On a juste eu des difficultés à recruter des journalistes néerlandophones pour cette première. Ce sera pour une prochaine… »

Live Magazine, l'info-spectacle
© Véronique Besnard

Ni TED ni PechaKucha

Ce Live Magazine, même s’il s’en défend, s’intègre voire ressemble à d’autres conférences, elles aussi très tendance. On pense aux fameuses conférences TED (comme « Technology, Entertainment and Design »), qui se veulent des propagatrices d’idées branchées high-tech, ou encore au phénomène des PechaKucha, un format de présentation orale venu du Japon, où chaque intervenant possède exactement six minutes et 20 diapos pour présenter son projet, son métier, sa réflexion ou sa passion. « Mais le Live Magazine est moins « nerd » que les conférences TED, et plus coaché que les PechaKucha. La référence reste le magazine papier, avec son exigence, son factchecking, son découpage. »

Revers de la médaille: la pérennité du principe et son coût relativement important ont poussé ses fondateurs à organiser des soirées Live Magazine privées et sponsorisées. Sonia Rykiel a ainsi acheté et financé une soirée, même chose pour l’assureur AXA, lesquels ont alors droit à un contenu pensé pour eux, branché mode pour l’un, business pour l’autre. Rien de tout ça ce mercredi à Bozar, avec un casting et des sujets qui ne jureraient dans aucun magazine papier ou audiovisuel dit de qualité. Le rigolo côtoiera le tragique, et les sujets très belges succèderont aux récits plus internationaux. On ne peut donc rien dire de plus, sauf qu’il y aura du beau monde sur scène, des surprises et même des copains. Et qu’il ne s’agit donc pas de ne pas y être. Ruez-vous s’il reste des places.

LIVE MAGAZINE, LE 13/01 À 20H À BOZAR, SALLE M., 23 RUE RAVENSTEIN, À 1000 BRUXELLES. WWW.BOZAR.BE

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