Olivier Van Vaerenbergh

Haro sur la BD girly

Olivier Van Vaerenbergh Journaliste livres & BD

Rançon du succès pour la « BD girly », ces albums issus de blogs de filles, pour les filles: la haine à leur encontre a enflammé le net.

La chronique de Olivier Van Vaerenbergh

« C’est quoi cette putain de mode de publier n’importe quelle débile qui a appris à dessiner y’a 2 jours entre 2 macarons? C’est quoi cette manie de vouloir à tout prix SA pétasse qui n’a rien à dire de plus que: « Hihihi c’est trop chanmé j’ai des Louboutin »? Mais nom de dieu, c’est quoi ce putain de retour en arrière géant qu’on veut nous faire subir, au juste? » Ce cri du coeur est apparu il y a quelques jours sur la Toile. Plus précisément sur le blog de Tanxxx, illustratrice et bédéiste bordelaise punk qu’on ne saurait taxer d’affreux machiste. Qui ne supporte plus les « BD Girly », ce sous-sous-genre devenu extrêmement à la mode, qui consiste à publier en albums des dessins et des auteures issus de blogs. Caractéristiques: un style qu’on qualifiera de minimaliste et un humour très fashion. De Fluide Glacial devenu Glamour en passant par à peu près toutes les maisons d’édition françaises qui se ruent sur le filon, cet équivalent BD des romans « chick lit » multiplie, avec des auteures comme Pénélope Bagieu ou Margaux Motin, les succès de ventes et les ersatz.

Macarons glucosés

Ce jour-là, avant de hurler son indignation dans un billet titré Les pétasses, l’abêtissement et les éditeurs, Tanxxx a donc vu passer l’album de Myriam Rak, Mimi Stinguette, édité à la Boîte à Bulles, pourtant pointue. La « BD Girly » de trop, qui laisse effectivement perplexe: « Ce n’est même pas du dessin, c’est du foutage de gueule. La typo est à hurler, le trait est inexistant, les couleurs à vomir. (…) Je n’ai pas trouvé ça léger et délicieusement frivole, j’ai trouvé ça horriblement bête et laid. » Et de le crier très fort: « Allez vous faire foutre, avec vos talons à la con, vos macarons glucosés, votre féminisme dans les chaussettes et vos BD de merde! » Tanxxx voit en effet dans cette mode mal dessinée 2 dangers majeurs: une image décidément bien dégradée de la femme –« Elle véhicule les pires clichés sur la gonzesse uniquement préoccupée par les fringues, son poids ou le bonheur de son petit mec, pardon, de son « HOMME », éthérée, idiote en somme »– et un état de l’édition BD guère enthousiasmant –« On en a rien à foutre des bouquins. Strictement rien à foutre. On est là pour vendre un produit bas de gamme à des clients bas de gamme ».

Au lendemain de sa gueulante, Tanxxx a vu le monde de la BD 2.0 se diviser et se retourner tout entier vers son blog: les uns l’applaudissant et levant le pouce, les autres prétextant de la grossièreté de la charge pour ne pas débattre du fond. Car comme dit Tanxxx, le phénomène girly s’inscrit complètement dans l’air du temps, « où une appli iPhone « pet » fait fortune. Idiocracy, nous voilà! ».

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