Woody Allen revient sur ses accusations d’agression sexuelle

Son amour pour Soon-Yi Previn n'a pas manqué de susciter la polémique. © Getty Images
Louis Danvers
Louis Danvers Journaliste cinéma

« Culpabilité par accusation »? Malgré sa mise hors cause, la controverse autour de Woody Allen fait toujours mal et reçoit réponse dans son livre.

« Une véritable machination. » Ainsi est présentée, dans l’autobiographie de Woody Allen, l’affaire des accusations portées par Mia Farrow en 1992, et selon lesquelles son ex-compagnon avait agressé sexuellement leur fille adoptive Dylan, alors âgée de 7 ans. Lancées en plein conflit sur la garde des enfants, ces allégations firent à l’époque l’objet de deux enquêtes officielles, toutes deux concluant au caractère infondé des charges. Mis totalement hors de cause, le cinéaste ne pouvait imaginer que bien des années plus tard, dans le climat très particulier de l’avènement de #MeToo, sa prétendue victime allait relancer l’affaire, médiatiquement au moins, en réitérant l’accusation. Au soutien de sa mère et de son frère Ronan s’ajouta pour Dylan celui d’une vague dénonciatrice, partant du principe que la parole de la femme doit toujours être crue. Faute de nouvelle procédure, les réseaux sociaux menèrent procès contre Allen mais aussi contre celles et ceux qui osaient prendre son parti ou même seulement émettre un doute sur le lynchage médiatique d’un présumé coupable. Beaucoup s’appuyant sur le mariage du réalisateur avec Soon-Yi Previn, fille adoptive de Mia Farrow, qui n’était pas du tout mineure à l’époque de leur rapprochement sentimental, contrairement à une rumeur infondée tendant à « prouver » que Woody était un grand pervers… Le cinéaste ponctue, laconique: « Quelque part, Kafka souriait. »

Soit dit en passant consacre de longues pages à revenir sur les faits, sous la forme d’un rappel utile des procédures ayant conclu à l’innocence d’Allen mais aussi d’un déballage bien triste même s’il ne pouvait qu’être présent. Le « clan Farrow » s’y voit présenté de manière accablante, au fil de révélations intimes carrément terrifiantes que nous ne préciserons pas ici mais que devraient méditer celles et ceux dont la religion est faite, sans preuve, sans doute. « Pourquoi, interroge le cinéaste, était-il si important de me présenter comme un prédateur pédophile? Pourquoi étant donné ma vie sans tache et l’absence totale de logique dans cette allégation, ne pas faire preuve de plus de scepticisme? » Bonne question, que les soutiens de Woody (d’Alec Baldwin à Scarlett Johansson en passant par Catherine Deneuve, Javier Bardem, Isabelle Huppert, Pedro Almodóvar, Jude Law et les ex-épouses d’Allen Harlene Rosen, Diane Keaton et Louise Lasser) posent aussi, mais que la nouvelle « police des moeurs » pourrait ne pas vouloir entendre. « Traqué, conspué« , Woody Allen sait que « la calomnie rend vulnérable à jamais« . Il persiste pourtant à s’exprimer, du moins quand ne s’exerce pas la censure envers lui comme envers ses fidèles agressés verbalement et menacés de boycott.

Dans la presse anglo-saxonne, certaines critiques de son livre, par peur ou par conviction, sont écrites sous le seul angle des accusations d’agression sexuelle. Et veulent trouver des indices dans des expressions comme « poupée bien roulée », « jolie nana », « emballer des filles« … Reproches ridicules d’un politiquement correct en pleine dérive liberticide. Et si Allen était simplement un homme de sa génération, un homme de son temps, dont la vision du monde n’a pas été nourrie d’updates, qu’ils soient technologiques (il avoue n’avoir jamais envoyé d’e-mail et a écrit son livre sur une vieille machine à écrire Olympia) ou liés à la dernière morale hypocrite du jour?

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