Un ange, Vincent Rottiers le nez dans le guidon

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Louis Danvers
Louis Danvers Journaliste cinéma

L’acteur français Vincent Rottiers, magnifique, vit intensément la descente aux enfers de son personnage dans Un ange.

« Quand j’étais gamin, j’ai beaucoup admiré DiCaprio. Puis Pacino. Plus des Américains, de toute façon. Petit, j’étais aussi fan de Van Damme. J’ai une cicatrice pour le prouver, causée à force de vouloir l’imiter! » Vincent Rottiers expose en riant la trace à jamais inscrite dans sa peau. Celui que cinéastes et partenaires évoquent en usant très souvent du mot « intense » impressionne une nouvelle fois dans Un ange. Un film qu’une fois contacté par le réalisateur Koen Mortier, il a immédiatement eu le désir de faire. « J’ai adoré le vélo quand j’étais petit, explique Rottiers. J’avais un pote qui s’appelait aussi Vincent et qui me prêtait son vélo, parce que je n’en avais pas. Je ne connaissais par Frank (1) mais quand j’ai lu le scénario j’ai adoré. Faire un coureur cycliste, ça me paraissait très cool. C’est très vite parti, avec Koen! » Bien sûr une préparation physique a été nécessaire: « Je me suis fait un petit régime d’un mois, j’ai fait du vélo tout seul dans mon coin, on m’a épilé, j’ai eu quelques séances d’UV. Ce qui était dur, surtout, c’était de maigrir. Je n’étais pas gros, mais je devais avoir la maigreur d’un coureur cycliste. Fallait qu’on me voie les os, et tout. D’habitude, je mange plein de cochonneries et là je passais aux brocolis (rire)… »

Évidemment, on ne joue pas de la même manière avec cinq ou dix kilos de plus ou de moins. « C’est pareil qu’un costume, commente le comédien. Ça agit, sans forcément qu’on s’en rende compte. La posture, aussi, est importante. Koen m’a fait changer ma façon de marcher, me tenir droit, des petits trucs qu’il me faisait rectifier à chaque fois. Ce qui m’a le plus influencé pour le rôle, c’est tout de même le train de vie du personnage. Il roule en Ferrari, il a plein d’argent. Fallait se mettre dans ce délire-là! »

Celui qui débuta un peu par hasard (il accompagnait son demi-frère Kevin Azaïs au casting pour Les Diables de Christophe Ruggia et fut pris à sa place) s’est fait connaître avec des rôles d’ados mal dans leur peau dans Mon ange,Le Passager, Je suis heureux que ma mère soit vivante, et de jeunes hors-la-loi comme dans Qu’un seul tienne et les autres suivront et Le Monde nous appartient. À 31 ans, il aborde la maturité avec une force intérieure intacte, un peu de recul aussi qui lui permet d’aborder des rôles bien différents. « Pour mes premiers films, déclare-t-il, je me souviens que quand il fallait rentrer dans des émotions fortes, puis vite en sortir pour ne pas rester dedans, il me fallait aller chercher ces émotions quelque part en moi et puis les libérer dans la scène, le jeu. C’était comme une thérapie, un peu. Ça m’allégeait. Je sais par exemple que les choses tristes qui m’arrivent dans la vie, j’y pense très fort pour mes rôles, pour pleurer et tout ça. Et à force de les utiliser pour ça, finalement ça ne me touche plus. Donc ça peut faire comme une sorte de guérison… »

Le cinéma dans la peau

Pour Vincent, le cinéma nourrit la vie comme la vie nourrit le cinéma: « On passe dans des vies tellement différentes, là j’ai été coureur cycliste, puis j’ai fait un drame de guerre. Ça me fait vivre d’autres sentiments. Ça me nourrit en tant qu’homme et pour mon métier d’acteur aussi, bien sûr. Même si on ne se rend pas forcément compte, même si c’est inconscient. Parfois, avec le recul, je me dis: « Ah tiens, ce que je fais ou dis là, ça vient de ça… »Certains rôles te collent plus à la peau. Par exemple celui-ci. Après le film j’étais encore un peu maigre, et puis le rôle m’a marqué intérieurement. Après mon tout premier film, je ne voulais plus faire de cinéma, je trouvais ça trop dur, j’ai mis du temps à m’en remettre. Aujourd’hui encore il y a des trucs venus de ce premier film et dont je ne prends conscience que maintenant… Quand je revois mes films, ou des petits bouts, je me dis: « Putain j’ai fait ça, j’étais comme ça! » On laisse des parties de nous, quand même… Et on apprend sur nous-mêmes, aussi. »

Gageons que Vincent Rottiers gardera bien des souvenirs d’ Un ange. De son tournage, entre autres, qui ne fut pas banal. « C’est clair que jouer au Sénégal ou en banlieue de Bruxelles c’est très différent (rires)! Je revoyais le film et dans les scènes en voiture, quand on me voit transpirer, c’est des trucs que tu ne joues pas. Juste tu transpires, la sueur coule et ça te met dans le bain, sans devoir y réfléchir. C’était dur, parfois. En voiture, il faisait déjà chaud et on te rajoutait les projos… Un jour je me suis senti un peu mal. Il y a des moments où j’aurais préféré jouer qu’il fait chaud (rires)! »

(1) Frank Vandenbroucke, le coureur cycliste belge dont la fin tragique a en partie et très librement inspiré le livre (de Dimitri Verhulst) dont le film est l’adaptation.

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