Mai sans Cannes, mais encore

The French Dispatch
Jean-François Pluijgers
Jean-François Pluijgers Journaliste cinéma

Le festival de Cannes aurait dû dérouler le tapis rouge cette semaine. Focus vous invite à découvrir ce à quoi aurait pu ressembler cette 73e édition…

Annulé? Postposé? Virtuel? Décentralisé? À l’heure actuelle, difficile de dire ce qu’il adviendra en définitive du 73e festival de Cannes qui aurait dû se tenir du 12 au 23 mai, la manifestation, victime collatérale du Covid-19, et amputée de ses sections parallèles qui ont jeté l’éponge pour 2020, se voyant au minimum reportée à des jours meilleurs. À moins que l’on ne s’oriente vers un redéploiement partiel hors les murs en collaboration avec différents festivals d’automne, de Venise à Busan en passant par Toronto, où seraient projetés une série de films labellisés « Cannes 2020 », hypothèse désormais privilégiée par le délégué-général Thierry Frémaux. Si le spectre d’une année blanche semble donc s’éloigner, l’incertitude demeure. Et les spéculations quant à la sélection de s’en trouver relancées, elles qui agitent traditionnellement la planète-cinéma les semaines précédant le festival -au point que l’on peut d’ores et déjà se faire une petite idée de ce à quoi aurait pu ressembler ce millésime…

De Wes Anderson à Leos Carax

Avec son casting imposant -Timothée Chalamet, Saoirse Ronan, Elisabeth Moss, Bill Murray, Léa Seydoux…- et sa collection de récits empruntés à un magazine américain publié dans une ville française fictive du XXe siècle, The French Dispatch, la nouvelle fantaisie de Wes Anderson, aurait fait une ouverture de choix, un honneur qu’avait déjà connu le réalisateur américain il y a huit ans de cela avec Moonrise Kingdom. Quant aux films soumis à l’appréciation du jury présidé par Spike Lee, le traditionnel panachage entre habitués et nouveaux venus aurait présidé à leur sélection. Parmi les réalisateurs donnés partants certains en compétition, d’anciens lauréats de la Palme d’or, comme Nanni Moretti avec Tre Piani, l’histoire de trois familles habitant autant d’appartements d’un immeuble bourgeois, ou Apichatpong « Joe » Weerasethakul avec Memoria, incursion en Colombie du réalisateur de Oncle Boonmee, sur les traces de Tilda Swinton et Jeanne Balibar.

True Mothers
True Mothers

Également pressentis, quelques auteurs faisant partie des meubles: la cinéaste nippone Naomi Kawase avec True Mothers, adapté de Mizuki Tsujimura, l’histoire d’un couple ayant adopté un enfant, et bientôt approché par la mère biologique de ce dernier; Paul Verhoeven avec le sulfureux Benedetta, où Virginie Efira, déjà de Elle, le précédent opus du maître néerlandais, campe une nonne dont la conduite va bouleverser l’existence d’une communauté religieuse toscane au XVe siècle; François Ozon, avec Été 85, suivant un garçon sur la côte normande à l’été de ses seize ans; le tandem Stéphane Brizé/Vincent Lindon, de retour avec Pour le meilleur et pour le pire; Sofia Coppola, retrouvant Bill Murray pour On the Rocks. Et l’on en passe, comme Maïwenn avec ADN, Mathieu Amalric pour Serre-moi fort, Kiyoshi Kurosawa avec son Wife of a Spy, situé à Kobe à la veille de la Seconde Guerre mondiale. Ou encore Thomas Vinterberg avec le fort attendu Drunk, l’histoire d’un groupe de professeurs décidant de s’alcooliser sans retenue, mais aussi Kirill Serebrennikov (Leto) avec Petrov’s Flu, la déambulation non moins imbibée d’un auteur de bandes dessinées. Sans oublier ce qui devait constituer l’événement de ce millésime, Annette, la comédie musicale de Leos Carax réunissant Marion Cotillard et Adam Driver au son des Sparks…

Mandibules
Mandibules

La pêche à la mouche de Quentin Dupieux

Parmi ceux invités, sans doute, à les rejoindre, à moins qu’ils ne figurent en section Un Certain Regard, petite soeur plus aventureuse de la compétition: le Brésilien Karim Aïnouz, couronné l’an dernier à UCR justement avec l’étincelant La Vie invisible d’Eurídice Gusmão, et dont l’on guette avec curiosité Algérien par accident; la Française Mia Hansen-Løve et Bergman Island, tourné dans l’île suédoise de Faro, refuge d’Ingmar Bergman; l’Américain David Lowery, auteur de A Ghost Story, pour The Green Knight, adapté du roman de chevalerie Sire Gauvain et le Chevalier vert; la Britannique Clio Barnard, révélée en 2013 par The Selfish Giant, s’aventurant sur les traces de Fassbinder avec Ali & Ava; les multirécidivistes Quentin Dupieux, de retour, un an à peine après avoir présenté Le Daim à la Quinzaine, avec Mandibules, un film où il s’agit de dompter une mouche, et Bruno Dumont, avec Par ce demi-clair matin, tout un programme déjà. Et puis, pourquoi pas, Viggo Mortensen pour ses débuts de réalisateur dans Falling, ou Franka Potente, l’actrice de Cours, Lola, cours!, passée derrière la caméra avec Home. Sans oublier, en séances spéciales ou midnight screenings, Soul, nouvelle production Pixar confiée à Pete Docter, Prisoners of the Ghostland, de Sono Sion avec Nicolas Cage, ou Peninsula, suite par le même Yeon Sang-ho du mémorable Last Train to Busan. À quoi l’on aurait ajouté un brelan de films belges promis, qui sait, à un destin cannois, à savoir La Naissance des arbres, le premier long métrage de Laura Wandel, Animals, nouvel opus de Nabil Ben Yadir, et L’Ennemi, de Stephan Streker, qu’emmènent Jérémie Renier et Emmanuelle Bercot. Autant de titres qu’à défaut de découvrir sur la Croisette, on devrait pouvoir apprécier sur nos écrans dans les prochains mois…

Par ce demi-clair matin
Par ce demi-clair matin

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