Critique | Cinéma

[le film de la semaine] Respect, biopic classique pour une femme d’exception

Jean-François Pluijgers
Jean-François Pluijgers Journaliste cinéma

Il était somme toute logique, après ceux consacrés à James Brown alias « The Godfather of Soul » (Get On Up, de Tate Taylor) ou Ma Rainey, « The Mother of the Blues » (Ma Rainey’s Black Bottom, de George C. Wolfe), qu’Aretha Franklin, la bien nommée « Queen of Soul », soit l’objet d’un film biographique.

C’est désormais chose faite avec Respect, titre emprunté à l’une de ses chansons les plus fameuses, un biopic classique jusque dans son esthétique tamisée que signe Liesl Tommy, réalisatrice sud-africaine ayant fait l’essentiel de son parcours au théâtre et à la télévision.

L’intensité et jusqu’à la soul

Le parcours d’Aretha Franklin, la cinéaste et ses scénaristes, Tracey Scott Wilson et Callie Khouri, l’envisagent de façon panoramique, de l’enfance à la reconnaissance et au-delà, tout en se concentrant plus particulièrement sur une vingtaine d’années. Soit la période courant de 1952 à 1972, et s’ouvrant alors que, encore fillette (et incarnée par Skye Dakota Turner), elle chantait dans leur maison de Detroit pour les invités de son père, le révérend Clarence Franklin (Forest Whitaker), parmi lesquels Art Tatum ou Dinah Washington, quand elle ne se produisait pas à l’église baptiste où officiait celui-ci. Pour se refermer sur l’enregistrement, au faîte de sa gloire internationale, d’un album gospel, Amazing Grace, retour aux sources qui sera aussi son plus grand succès. Non, pour autant, que la vie de Miss Franklin (Jennifer Hudson) ait été un conte de fées, le film ancrant son parcours dans les plaies de l’enfance -la mère quittant, de guerre lasse, son mari infidèle, avant de disparaître précocement; le viol puis la grossesse à l’âge de 12 ans…-, tout en s’attardant sur l’influence d’un père omniprésent, mais aussi la relation toxique qui devait l’unir à Ted White (Marlon Wayans), mari violent et manager impulsif, dans un ordre fluctuant. Ce qui, pas plus que ses zones d’ombre et démons -et notamment une consommation d’alcool plus que respectable-, n’empêchera Aretha Franklin de mener la carrière que l’on sait, cristallisée autour de sa rencontre avec Jerry Wexler (Marc Maron) du label Atlantic, et de l’enregistrement de divers standards soul aux studios Fame de Muscle Shoals, en Alabama.

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Il faut d’ailleurs attendre l’un d’eux, celui de I Never Loved A Man (The Way I Love You) en 1967, pour que le film décolle vraiment, au diapason d’une Aretha Franklin dont la carrière s’emballe alors, après qu’elle a trouvé et forgé sa voix. La suite appartient à l’Histoire, que Tommy retrace respectueusement, entre talent d’exception, aspirations à l’indépendance en tant que femme et chanteuse, mais aussi engagement politique, qu’elle participe à la lutte pour les droits civiques aux côtés de Martin Luther King, ou qu’elle apporte son soutien à l’activiste Angela Davis. Le parcours est dense. Respect, sans guère s’écarter des canons du biopic traditionnel, rend justice à une artiste et une femme d’exception, dont Jennifer Hudson (lire aussi notre interview), remarquable, réussit à restituer l’intensité, et jusqu’à la soul par endroits…

De Liesl Tommy. Avec Jennifer Hudson, Marlon Wayans, Forest Whitaker. 2h25. Sortie: 08/09. ***(*)

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