Ma Rainey’s Black Bottom (Le Blues de Ma Rainey)
Adapté d’une pièce du Pittsburgh Cycle d’August Wilson, ensemble retraçant l’Histoire des Noirs américains au XXe siècle, Ma Rainey’s Black Bottom s’attache à la personnalité de Ma Rainey (1886-1939), surnommée la « mère du blues ». Une chanteuse hors pair doublée d’un sacré tempérament, comme il ressort de l’interprétation habitée qu’en livre Viola Davis, exceptionnelle. Passé son ouverture géorgienne -la grande migration des Afro-Américains vers les villes industrielles du nord dans les années 20 lui donne sa toile de fond-, le film met le cap sur Chicago, par une chaude après-midi de 1927, dans un studio où Ma est attendue pour une session d’enregistrement. Et la diva de laisser mariner manager et producteur blancs, pas dupe sur leurs motivations strictement mercantiles, tandis que ses musiciens tuent le temps à grand renfort de vannes et d’anecdotes. Circonstances propices à laisser s’exprimer les aspirations mais aussi les frustrations de la communauté afro-américaine dans l’industrie musicale et au-delà, lesquelles vont se cristalliser autour de Ma, mais aussi de Levee (Chadwick Boseman, épatant dans son dernier rôle), trompettiste de génie, et électron libre bien décidé à ne s’en laisser conter par personne: ni les Blancs, ni même la chanteuse à qui il s’oppose sur le plan musical, tout en flirtant avec sa copine, Dussie Mae (Taylour Paige)… Ce contexte brûlant, charriant son lot d’amertume et de colère, fait à la fois les limites et la force d’un film qui, s’il semble parfois écrasé par son agenda, réussit à transcender sa mise en scène théâtrale par la puissance de son interprétation et la vibration toute singulière qu’y trouve le blues…
De George C. Wolfe. Avec Viola Davis, Chadwick Boseman. 1 h 34. Disponible sur Netflix.
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