Critique

[Le film de la semaine] Never Look Away (Werk Ohne Autor), une chatoyante réussite

Tom Schilling
Jean-François Pluijgers
Jean-François Pluijgers Journaliste cinéma

DRAME/BIOGRAPHIE | Plébiscité dès son premier long métrage, La Vie des autres, couronné Oscar du meilleur film étranger, Florian Henckel von Donnersmarck cédait ensuite aux sirènes hollywoodiennes pour The Tourist, manquant de se noyer en compagnie de Johnny Depp et Angelina Jolie dans les canaux vénitiens.

Depuis, huit ans ont passé et de l’eau a coulé sous les ponts, le réalisateur allemand renouant aujourd’hui avec son cinéma à la faveur de Never Look Away (Werk Ohne Autor, ou Une oeuvre sans auteur dans son titre original), séduisante biographie romancée du peintre Gerhard Richter.

S’étirant sur une trentaine d’années, le film embrasse trois périodes successives de l’Histoire allemande du XXe siècle, s’ouvrant à Dresde, en 1937, sous la férule nazie, avant de se poursuivre, la guerre terminée, dans l’Allemagne de l’Est communiste et s’achever à l’Ouest, à l’époque de l’érection du mur de Berlin. C’est dans ce contexte tumultueux qu’évolue Kurt (Tom Schilling), jeune aspirant peintre dont la volonté d’affirmer sa voix et son style sera mise à l’épreuve des régimes politiques successifs. Combat dans lequel il est rejoint par Ellie (Paula Beer), sa fiancée; histoire d’amour compliquée dès lors qu’elle est vue d’un très mauvais oeil par le père de cette dernière, le professeur Seeband (Sebastian Koch), médecin tenant de l’eugénisme doublé d’un expert dans l’art de retourner sa veste…

Moins vertigineux sans doute que La Vie des autres, Never Look Away n’en adosse pas moins habilement sa trame intime à la grande Histoire. Et vibre d’un élan intense, tout en brassant une myriade de sujets, sondant avec un incontestable à-propos l’acte créatif, mais aussi la façon dont il peut être conditionné et récupéré par son environnement. Accumulation oblige, il y a là, c’est vrai, un petit côté roman-photo, dans le volet romantique en particulier, tempéré toutefois par le magnétisme fiévreux de ses deux jeunes acteurs, auquel répond le charisme de Sebastian Koch. Jouant ici à plein, l’art du récit de Florian Henckel fait le reste, et le film, nonobstant sa durée hors-normes, se révèle résolument captivant, à quoi la musique de Max Richter et la photographie de Caleb Deschanel apportent encore un surcroît de lyrisme et d’émotion. Une chatoyante réussite.

De Florian Henckel von Donnersmarck. Avec Tom Schilling, Paula Beer, Sebastian Koch. 3h09. Sortie: 06/02. ***(*)

>> Lire également notre interview du réalisateur.

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