Critique | Cinéma

[le film de la semaine] En corps, de Cédric Klapisch

© Emmanuelle Jacobson-Roques

Cédric Klapisch rend hommage à la jeunesse et la liberté des corps en mouvement, sublimé par l’interprétation magique de sa danseuse étoile.

Ça commence par un regard, une concentration extrême, une attention aux détails, au ballet coordonné des collants et tutus qui peuplent les coulisses de l’Opéra. Ce regard, c’est celui d’Élise, danseuse étoile, star de La Bayadère, qu’elle s’apprête à interpréter. Et puis soudain, son regard se fige. Sous ses yeux, son amoureux en embrasse une autre. Mais the show must go on, comme on dit, alors Élise s’élance… et se blesse. Ce n’est pas ici tant le coeur que le corps qui a ses raisons que la raison ignore. Ici s’arrête la fuite en avant de la jeune danseuse, son chemin tout tracé. Le corps médical la met en garde: la blessure est grave, et pourrait sérieusement remettre en cause ses chances de danser à nouveau. Mais c’est sans compter sur la force de caractère et la détermination de la jeune femme, qui va prendre son avenir à bras-le-corps, avancer pas à pas moins vers une guérison miracle que vers un autre destin, une autre relation à son corps et à la danse.

Il faut bien que le corps exulte…

La principale réussite du film réside peut-être dans ce qu’il en reste, cette envie de bouger, de se mouvoir. Et la volonté affirmée de donner à voir la beauté de la danse, qu’elle soit classique ou contemporaine, à travers notamment les sublimes chorégraphies d’Hofesh Shechter, qui joue ici son propre rôle. Il faut dire que le film a été tourné pendant le confinement et bénéficie à l’écran de l’entrain communicatif de tous ces artistes réunis pour pratiquer leur art, après une période d’abstinence forcée.

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C’est l’autre caractéristique du nouveau film de Cédric Klapisch (lire aussi notre interview), cette rencontre inattendue entre les mondes de la danse et du cinéma, la part belle faite aussi bien aux corps des danseurs que des comédiens. Car En corps est une oeuvre doublement chorale, chorale par la partition collective interprétée par les différents personnages, chorale aussi par la façon dont comédiens et danseurs dialoguent à travers leurs arts respectifs.

Dans le rôle d’Élise, on retrouve la magnétique Marion Barbeau, première danseuse à l’Opéra de Paris. Il fallait une danseuse, bien sûr, pour donner vie au personnage, mais il fallait aussi une comédienne pour l’incarner, défi remporté haut la main par la jeune femme. Elle tient la dragée haute à la troupe de comédiens et comédiennes qui l’entoure. François Civil, en kiné de plus en plus désespérément amoureux, est irrésistiblement drôle. Pio Marmaï et Souheila Yacoub apportent leur contagieuse énergie au personnage d’Élise quand il en a besoin, lui permettant de sortir du ressassement pour passer à la suite. Quant à Muriel Robin et Denis Podalydès, ils orchestrent avec générosité une salutaire rencontre des générations. Car En corps renoue aussi avec l’un des talents de Klapisch, souvent exploité dans sa filmographie: celui de filmer la jeunesse avec entrain, d’épouser avec conviction le caractère à la fois puissant et volatil de cet âge où tout est encore possible.

Comédie dramatique. De Cédric Klapisch. Avec Marion Barbeau, Hofesh Shechter, François Civil. Sortie: 30/03. ***(*)

[le film de la semaine] En corps, de Cédric Klapisch

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