Critique

[Le film de la semaine] Beautiful boy, au nom du père et du fils

Steve Carell dans Beautiful Boy © Francois Duhamel
Louis Danvers
Louis Danvers Journaliste cinéma

DRAME | Tourné aux USA par le cinéaste belge Felix Van Groeningen, Beautiful Boy est un drame familial intense et qui nous étreint.

Longtemps, souvent, il lui a laissé des messages, attendu ses réponses qui venaient tard, très tard, et parfois pas du tout. Parfois il a perdu sa trace, et presque désespéré de le revoir, de le retrouver. Tant d’amour, pourtant, unit ce père et ce fils, personnages centraux d’un récit authentique et d’autant plus douloureux. Celui d’une addiction, à la méthamphétamine, cette crystal meth dont le nom circule hors des cercles de la drogue depuis la série AMC à succès Breaking Bad. Et aussi, surtout, celui d’un double combat, mené contre son assuétude par Nic, le fils, et pour sauver son enfant par Jeff, le père. L’un comme l’autre en ont témoigné, chacun dans un livre différent et complémentaire dont la somme inspire le scénario du film, le premier réalisé aux États-Unis par le Belge Felix Van Groeningen. On comprend que le redoutable défi de narrer la double quête avec justesse dans l’émotion ait été proposé au cinéaste d’Alabama Monroe. Un mélodrame qui avait révélé son auteur aux États-Unis, tout en traduisant une maîtrise peu banale dans le maintien d’une délicate balance entre retenue et expression des sentiments.

Discret et bouleversant

[Le film de la semaine] Beautiful boy, au nom du père et du fils

L’importance des moyens mis en oeuvre (un budget de 25 millions de dollars) n’a pas affecté l’aptitude de Van Groeningen à filmer l’intimité comme peu en sont capables. Des acteurs magnifiques naviguent en suivant le même cap, avec un résultat d’une profonde émotion. Steve Carell, ex-comique joyeusement décalé devenu interprète sérieux à suivre depuis l’épatant Foxcatcher de Bennett Miller, est David, le père. Il adopte une sobriété corporelle extrême, faisant tout passer par le regard. Discret et bouleversant, face au jeu logiquement plus extériorisé mais néanmoins riche de subtiles nuances du jeune (22 ans) et décidément surdoué Timothée Chalamet. Ce dernier offrant une performance habitée, d’une précision égale à celle d’un Carell impressionnant, hanté, constamment sur le fil du rasoir. Derrière la caméra, Felix Van Groeningen développe une forme impressionniste, à petites touches aux allures de capsules temporelles alternant espoir et rechute, avec juste ce qu’il faut de distance pour éviter l’accumulation de clichés, si souvent présente lorsque sont évoqués les ravages de la drogue et son emprise sur un individu. Pas de complaisance dans le regard du cinéaste, mais de la compassion, comme un accord solidaire et qui résonne très fort en nous. L’art d’inscrire des éléments clairement mélodramatiques dans un contexte éminemment réaliste n’est pas chose facile. Le mérite de Beautiful Boy n’en est que plus grand.

De Felix Van Groeningen. Avec Steve Carell, Timothée Chalamet, Maura Tierney. 2h. Sortie: 21/11. ****

>> Lire également notre interview de Felix Van Groeningen.

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