Garance Marillier dans Ad Vitam: « C’est une pression mais une bonne, qui te porte vers le haut »

Auréolée d'une nomination aux César, la comédienne revient dans une série de science-fiction. © DR
Salammbô Marie Journaliste

Révélée par le film Grave, l’actrice poursuit son chemin sinueux avec des personnages torturés. Comme celui de Christa, l’héroïne de la série de science-fiction française Ad Vitam, qui débarque sur Arte ce jeudi.

À tout juste 20 ans, Garance Marillier est devenue une icône du film de genre horrifique à la française. Un statut qu’elle a obtenu grâce à Grave, et qui pourrait aujourd’hui s’étendre à la science-fiction sur le petit écran avec Ad Vitam. En t-shirt, jeans et baskets, elle fait la promotion de cet objet novateur, sacré meilleure série française au festival Séries Mania, à Lille, en mai dernier. D’une simplicité apaisante, la jeune femme arbore un sourire sincère et démontre une envie de trouver le mot juste, au bon moment. Hésitante et discrète, elle ne se laisse pas marcher sur les pieds pour autant, comme le prouve son entrée fracassante dans le monde du cinéma. À douze ans, sa mère l’inscrit à un casting avec la cinéaste Julia Ducournau, sa future mentor et réalisatrice de Grave. Lors de l’audition, elles jouent ensemble une scène d’embrouille, qui culmine avec la véritable colère de l’adolescente: « Je prenais toutes les choses pour moi, sans recul. Et je crois que ce caractère a plu à Julia. »

L’aventure commence pour la jeune comédienne, qui tourne plusieurs téléfilms et courts métrages, dont Junior, à treize ans, dans lequel elle trouve déjà le personnage de Grave, Justine. Une héroïne magnifiée ensuite en 2016 dans ce long métrage défiant les genres. Le pitch, novateur, plonge Justine, étudiante végétarienne, au coeur d’une école vétérinaire, à Liège. Le bizutage d’intégration l’amène, entre autres, à devoir manger de la viande crue. Commence alors une descente vertigineuse vers le cannibalisme, entre démangeaisons, découverte de la sexualité et soucis de famille particuliers. Garance Marillier, alors encore lycéenne, y dévoile toute la profondeur et le magnétisme de son jeu, auréolé d’une nomination au César du meilleur espoir féminin.

Entre chien et loup

Aujourd’hui, celle que l’on verra bientôt aux côtés de Vincent Rottiers dans le film Pompéi est de retour avec sa première série télé, Ad Vitam, créée par Thomas Cailley (Les Combattants). Elle y incarne Christa, rescapée d’un suicide collectif dans une société où la mort a été vaincue par la régénération cellulaire. L’héroïne s’allie avec un flic de 120 ans, brillamment interprété par Yvan Attal, pour comprendre pourquoi la jeunesse, elle, a tant envie de s’échapper vers l’au-delà. Garance Marillier porte avec grâce cette quête sensorielle, comme elle le faisait déjà avec Grave: « C’est un honneur pour moi qu’on me confie cette tâche. Après, c’est une pression mais une bonne, qui te porte vers le haut et te dit qu’il faut être à la hauteur. J’ai besoin de ça pour bien travailler. »

Celle qui s’engage notamment dans les combats féministes a construit le personnage de Christa, froide et cinglante, à partir de ses failles et en travaillant sur les animaux, son terrain de jeu favori. Lorsque l’on évoque son passage par la musique dans le clip Fangs Out d’Agar Agar et son incarnation d’un loup, ses yeux s’illuminent. « Travailler avec l’animalité, ça me permet de mettre de côté la psychologie, qui ne m’intéresse pas dans le jeu. Les réactions des animaux, il n’y a rien de plus pur. Comme Christa est quelqu’un de très dur, j’avais besoin de ça. Quand je jouais sur le tournage, j’avais les images des animaux qui me venaient directement, comme le fait de se tenir sur ses appuis, d’être prête à partir tout le temps. »

La comparaison avec la Justine de Grave et son instinct sauvage est tentante, même si Garance Marillier affirme ne rien avoir repris de son précédent personnage: « Ce ne sont pas les mêmes animaux. Justine est tapie dans l’ombre et va finalement se révéler, comme une panthère noire. Dans Ad Vitam, il y a quelque chose de beaucoup plus fragile, comme les chiens ou les biches. Christa est très observatrice de ce qui se passe, elle est à l’écoute. »

Paradoxalement, dans l’univers futuriste d’Ad Vitam, Garance Marillier semble tout droit sortie du passé. Jeans taille haute, coupe blonde aux épaules, veste vert fluo, Christa tranche avec Darius, l’enquêteur taciturne joué par Yvan Attal, que la comédienne a « apprivoisé »: « Ça ne m’intéressait pas de le considérer comme un grand acteur, même si un partenaire, il faut hyper bien le traiter et avoir énormément de respect envers lui mais il ne faut pas être intrusif. Ça se fait dans le temps pour qu’un vrai lien se crée et ça a très bien marché. »

Ce long tournage, la cinéphile infusée à Vertigo et au travail de David Lynch l’a vécu de manière très intense, comme un véritable « champ de bataille intérieur », permettant de développer son héroïne dans la longueur. Pour le brûlot acide sur la jeunesse qu’est Ad Vitam, Garance Marillier s’est d’ailleurs inspirée d’une adolescente iconique de l’histoire des séries: Laura Palmer. « Elle est, selon moi, le personnage le plus riche et le plus beau de Twin Peaks . Elle irradie tout parce qu’elle se bat contre ses démons et il n’y a rien de plus courageux que ça. » Justine, Christa et Garance, dignes héritières de Laura et Sheryl.

Ad Vitam, série réalisée par Thomas Cailley, créée par Thomas Cailley et Sébastien Mounier. Avec Yvan Attal, Garance Marillier, Niels Schneider. ***(*).

Dès le jeudi 8/11 à 20h55 sur Arte. Lire notre critique.

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