Festival Anima: nos coups de coeur

Stop-motion, images de synthèse, dessins classiques, tous les visages de l'animation sont à Anima. © DR
Jean-François Pluijgers
Jean-François Pluijgers Journaliste cinéma

Pour sa 38e édition, qui se déroule du 1er au 10 mars, le festival Anima propose un panorama imposant de la production animée du moment, s’ouvre à la VR et déborde des murs de Flagey.

Quelques chiffres, d’abord: avec ses 45.175 spectateurs en 2018, décentralisations inclues, Anima reste plus que jamais une affaire qui roule. La preuve encore par les 1.667 films d’animation, issus de plus de 40 pays, soumis au comité de sélection, et les quelque 100 séances et 385 courts et longs métrages qui seront présentés lors d’une 38e édition courant du 1er au 10 mars. Abondance de biens synonyme d’extension, la manifestation débordant de son vaisseau-amiral de Flagey pour gagner aussi les murs de la Cinematek, où sera présenté un hommage au regretté Isao Takahata, le génial réalisateur du Tombeau des lucioles et du Conte de la princesse Kaguya, des Galeries, pour un programme dédié à Paul Bush, et du Palace, qui accueillera des longs métrages français césarisés, du Chat du rabbin à Ma vie de Courgette. La France fait, en effet, l’objet du focus traditionnel du festival, Anima saluant par ailleurs le dynamisme de la production hexagonale avec « Bleu, blanc rouge« , un quadriptyque de séances de courts métrages incluant des titres césarisés ou oscarisés, diverses pépites de l’année écoulée, mais aussi un zoom sur les studios Sacrebleu. À quoi s’ajoutent deux ensembles patrimoniaux, consacrés au film publicitaire et à l’animation numérique, et, last but not least, une exposition dévolue aux inénarrables Shadoks que prolongera la websérie Les Shadoks, droit dans le mur à toutes pompes!, narrée par Benoît Poelvoorde.

Le retour d’Aubier et Patar

Avec 20 longs métrages en avant-première et 24 en reprise (dont Le Château de Cagliostro d’Hayao Miyazaki et Le Géant de fer de Brad Bird), sans même parler d’innombrables courts métrages et autres films de fin d’études, la suite du programme s’érige en panorama imposant de la production animée.

Parmi les avant-premières, on pointera notamment Funan de Denis Do, l’histoire vraie du combat d’une mère tentant de retrouver son fils dans le Cambodge des Khmers rouges. Ou Another Day of Life de Raúl de la Fuente et Damian Nenow, coproduction belge présentée en ouverture de la manifestation, et investissant le conflit en Angola en s’inscrivant dans un courant hybride mêlant animation, archives et interviews. Une forme également adoptée par Chris the Swiss d’Anja Kofmel, l’un des huit titres de la compétition longs métrages pour adultes (lire aussi ci-dessous).

Côté jeune public, outre Miraï, ma petite soeur, de Mamoru Hosada (lire notre interview), on pourra découvrir Royal Corgi, nouvelle réalisation des studios nWave de Ben Stassen, ou encore Okko et les fantômes, témoignage parmi d’autres de la vitalité de l’animation nippone. L’on ne se fera faute, enfin, de mentionner la présentation de La Foire agricole, le nouvel opus du duo Aubier-Patar, défloré lors d’une soirée de clôture où l’on pourra également apprécier Gertie, d’après Winsor McCay, reconstitution d’une performance cinématographique de 1914. Assurément l’un des (nombreux) événements de ce millésime 2019, l’un d’eux résidant dans l’ouverture d’Anima à la réalité virtuelle, avec A VR World of Animation, une sélection de huit films en immersion complète…

Du 01 au 10/03. www.animafestival.be

Festival Anima: nos coups de coeur

Virus tropical

De Santiago Caicedo. Le 02/03 à 19h30 et le 04/03 à 20h.

Adaptée par Santiago Caicedo du roman graphique de PowerPaola dans un noir et blanc stylisé du plus bel effet, l’histoire de Paola, née dans une famille traditionnelle colombienne installée en Équateur d’un père prêtre et d’une mère voyante présumée ne plus pouvoir avoir d’enfant. Soit, essentiellement décliné au féminin, un récit d’apprentissage peu banal -ou comment trouver sa place dans un monde qui ne vous attendait pas, et s’y épanouir, peut-être, comme un virus tropical…

Festival Anima: nos coups de coeur

Buñuel in the Labyrinth of the Turtles

De Salvador Simó. Le 03/03 à 22h et le 05/03 à 19h30.

Au sortir du scandale de L’Âge d’or, Luis Buñuel part pour Las Hurdes, village reculé de l’Estrémadure et concentré de la misère du monde, afin d’y tourner un documentaire qui fera date, Terre sans pain. Salvador Simó retrace cette expérience fondatrice en y injectant une part d’onirisme et de surréalisme, et en confrontant la reconstitution animée des scènes du film à leur rendu devant la caméra de Buñuel -manière, incidemment, de montrer comment ce dernier savait « provoquer » la réalité…

Festival Anima: nos coups de coeur

Chris the Swiss

D’Anja Kofmel. Le 05/03 à 21h30 et le 06/03 à 22h.

La réalisatrice suisse Anja Kofmel combine animation en noir et blanc et images documentaires pour enquêter sur le destin de Chris the Swiss, son cousin, jeune journaliste assassiné dans des circonstances troubles en 1992, pendant la guerre des Balkans. Un hybride concluant, s’inscrivant dans la lignée du Valse avec Bachir d’Ari Folman, et réussissant à déborder du strict cadre de l’intime pour embrasser l’Histoire et des questions universelles à la résonance contemporaine…

Festival Anima: nos coups de coeur

I Want to Eat Your Pancreas

De Shin’ichirô Ushijima. Le 07/03 à 21h30 et le 09/03 à 20h.

L’animation nippone est traditionnellement bien représentée à Anima. Parmi les réjouissances de cette 38e édition, I Want to Eat Your Pancreas, premier long métrage de Shin’ichirô Ushijima. Soit la relation platonique entre Sakura, adolescente enjouée atteinte d’un mal incurable, et Haruki, jeune homme introverti l’accompagnant, un brin forcé, dans ses derniers souhaits. Et un anime sensible, auscultant la naissance des sentiments en un mélange souverain de mélancolie et d’émotion…

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