Critique

[Critique ciné] L’Extraordinaire voyage de Marona, un enchantement

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Jean-François Pluijgers
Jean-François Pluijgers Journaliste cinéma

De l’existence d’une petite chienne, Anca Damian tire un conte philosophique inspiré, que sert un univers visuel foisonnant. Un film de toute beauté.

Comme le souligne sa réalisatrice, la cinéaste roumaine Anca Damian (lire notre dossier), L’Extraordinaire Voyage de Marona est un film qui s’avance masqué, à savoir, en première lecture un récit retraçant, à hauteur d’enfant, l’histoire d’une petite chienne. Mais encore, prenant forme à mesure que Marona relate ses aventures peu avares en péripéties, un conte philosophique à destination des adultes également, questionnant quelque chose comme le sens de la vie et la recherche du bonheur.

Tout commence lorsque, victime d’un accident, Marona décide de rembobiner le film de son ou plutôt de ses existences, se remémorant les différents maîtres qu’elle a connus et aimés. Soit, dans l’ordre, Manole l’acrobate, bientôt engagé par un cirque « chiens non admis » malheureusement; Istvan l’ingénieur, dont la compagne, Madalina, n’apprécie que fort modérément sa présence; et enfin Solange, la fillette qui la recueille en dépit des réticences familiales initiales. Ou le parcours d’une vie où, à l’insouciance de l’enfance succède le tumulte de l’adolescence, et jusqu’à la maturité. Le tout, envisagé à travers un regard innocent mais pas moins lucide pour autant, en quelque récit initiatique recelant, comme il se doit, sa vérité, en une « leçon de bonheur », canin mais universel, tenant, en définitive, en peu de choses: vivre l’instant présent, apprécier les petites choses, être en connexion profonde avec les autres.

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Multiplicité de styles

L’articulation du récit est fluide et séduisante. Anca Damian, qui signe là son troisième long métrage d’animation après les fort appréciés Le Voyage de monsieur Crulic et La Montagne magique, s’est par ailleurs assuré le concours de trois artistes visuels pour l’aider à traduire sa vision à l’écran: le dessinateur et illustrateur belge Brecht Evens, en qualité de consultant à la création graphique et à la création des personnages, ainsi que la Norvégienne Gina Thorstensen et l’Italienne Sarah Mazetti, en charge pour leur part des décors. La combinaison de leurs univers est un pur régal, le film ondoyant avec grâce mais aussi en toute liberté entre des mondes chatoyants, osant une multiplicité de styles que soutiennent diverses techniques d’animation, sans y sacrifier pour autant sa cohérence, tant narrative que graphique. Et L’Extraordinaire Voyage de libérer un imaginaire foisonnant, où le spectateur n’a plus qu’à vagabonder à son tour, les sens en éveil, pour une expérience aussi stimulante que riche en émotions. En un mot comme en cent, un enchantement.

Animation. D’Anca Damian. Avec le concours de Brecht Evens, Gina Thorstensen et Sarah Mazetti. 1h32. Sortie: le 26/02. ****

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