Critique

Ce qu’on a pensé de Tenet, le nouveau film de Christopher Nolan

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Jean-François Pluijgers
Jean-François Pluijgers Journaliste cinéma

Rarement sans doute film aura-t-il été l’objet d’autant de spéculations que Tenet, le onzième long métrage de Christopher Nolan, attendu tout à la fois comme une oeuvre d’anticipation brillante et comme le blockbuster devant ramener les spectateurs en masse dans les salles de cinéma -de quoi poser, tant qu’à faire, son réalisateur en sauveur.

Si la réussite de l’entreprise sur le second point ne laisse guère planer de doute, ce thriller d’espionnage aux accents science-fictionnesques n’en suscite pas moins, à l’autopsie, un sentiment quelque peu mitigé, eu égard, en particulier, à ses ambitions métaphysiques supposées. Annoncé comme la panacée, le concept d’inversion du temps le sous-tendant, assurément séduisant, n’en apparaît pas moins surtout comme le prétexte assez fumeux à un film d’action maousse, exercice dont le réalisateur de Dunkirk s’acquitte du reste avec maestria. Mais l’on est ici objectivement plus proche d’un James Bond rutilant que de la SF spéculative à laquelle tendait par endroits Inception.

Un monde obscur

Tournée à l’opéra de Kiev pris d’assaut par un commando terroriste, la scène d’ouverture souligne d’ailleurs cette parenté, évoquant les prologues de multiples aventures de 007. Comme dans celles-là, l’action se déploie ensuite aux quatre coins du globe, de Mumbai à l’Estonie en passant par Oslo, Londres, la côte amalfitaine et jusqu’aux villes cachées de Sibérie, sur les pas du Protagoniste (John David Washington, impeccable), un agent américain appelé rien moins qu’à sauver un monde en proie à de puissants vents contraires, à l’image de ce temps qu’il est loisible d’inverser, en se jouant des lois de la physique pour estomper au passage la notion même de linéarité. Un agent qui va trouver en Neil (Robert Pattinson, parfait) un partenaire énigmatique, alors que ses tentatives pour désamorcer la Troisième Guerre mondiale l’entraînent, tout en coolitude, dans la nébuleuse obscure de l’espionnage international, là où évoluent un oligarque russe, Andrei Sator (Kenneth Branagh), ses sbires et sa femme Kat (Elizabeth Debicki)…

Nolan sait incontestablement y faire. Et même les longues plages explicatives nécessaires à en démêler avec une inégale réussite le concept un brin pompeux ne suffisent pas à altérer le rythme de ce thriller d’espionnage tendu, un rollercoaster déroulant et rembobinant le temps comme à la parade, force morceaux de bravoure à l’appui. Tournée avec un véritable avion et non en CGI, la scène du 747 est appelée à rester dans les annales, et le temps inversé, s’il n’est souvent guère plus qu’un gimmick (affirmé dès le titre palindrome du film), vaut aussi au spectateur quelques poursuites magistrales enclenchant la marche avant et la marche arrière, parmi d’autres trouvailles soufflantes. Visuellement impressionnant dans son format Imax, imposant de maîtrise technique, soutenu par une distribution balaise, Tenet, s’il n’est certes pas la pierre philosophale, reste assurément un divertissement de haut vol, un film d’action à grand spectacle comme le cinéma n’en avait plus produit depuis un moment. Ce qui n’est déjà pas si mal.

THRILLER/ACTION. De Christopher Nolan. Avec John David Washington, Robert Pattinson, Elizabeth Debicki. 2h30. Sortie: le 26/08. ***(*)

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