Cannes, le film du jour (4): Carol, de Todd Haynes

Cate Blanchett, Todd Haynes et Rooney Mara, avant la projection de Carol à Cannes. © REUTERS/Eric Gaillard
Jean-François Pluijgers
Jean-François Pluijgers Journaliste cinéma

Second film américain présenté en compétition, Carol, de Todd Haynes et avec Cate Blanchett et Rooney Mara, y aura fait l’effet d’un éclair dans la grisaille.

Adaptant le roman éponyme de Patricia Highsmith, le réalisateur y renoue avec la veine mélodramatique qui lui avait souri dans Far From Heaven comme dans Mildred Pierce, osant un classicisme totalement assumé pour un surcroît de densité. Le film orchestre, dans le New York des années 50 encore balbutiantes, la rencontre fortuite de deux femmes, Carol (Cate Blanchett), modèle de sophistication de la Côte Est, étouffant dans un mariage malheureux, et Therese (Rooney Mara), jeune employée d’un grand magasin de Manhattan. A l’attirance initiale succèdent des sentiments plus profonds, qui vont toutefois se heurter de plein fouet aux conventions de l’époque.

L’ombre de Douglas Sirk (et plus particulièrement de All That Heaven Allows) plane délicatement sur ce film. Pour autant, Haynes ne s’en tient pas à un hommage appliqué, et la relation qui rapproche bientôt ces deux femmes a une force (et une limpidité) qui, non contente de braver les interdits, transcende aussi les époques. L’extraordinaire prestation de Cate Blanchett (face à qui Rooney Mara fait beaucoup mieux que jouer les utilités) n’y est certes pas étrangère. Mais si le prix d’interprétation lui semble promis, Carol pourrait aussi prétendre à d’autres lauriers, tant il y a là une oeuvre de toute beauté, portée par une mise en scène aux veloutés subtils et sensuels. Un grand film, aussi inspirant qu’émouvant, et le premier vrai choc de la compétition – à bientôt mi-parcours, il était temps…

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