Mildred Pierce (1/3)
Kate Winslet, l’une des meilleures actrices de sa génération, donne corps à cette Mildred Pierce mise en images par le talentueux Todd Haynes. Une excellente mini-série.
Elle nous hantera longtemps, l’histoire de Mildred Pierce. Comme elle marquera durablement la carrière d’une Kate Winslet en état de grâce, qui a remporté l’Emmy Award de la meilleure actrice pour ce rôle (en 1945, Joan Crawford lui devait déjà l’Oscar équivalent).
Celui d’une jeune femme, mariée, 2 enfants, une jolie maison dans la banlieue de Los Angeles, qui se sépare de son mari durant la grande dépression et se retrouve rapidement sur la paille. Et qui, pour assurer une vie décente à sa marmaille, décide de se trouver un job. Ne disposant d’aucune qualification, Mildred Pierce devient serveuse -une occupation particulièrement humiliante pour une femme de son rang à cette époque. L’une de ses filles, Veda, qui se prend pour une grande aristocrate, a d’ailleurs terriblement honte de sa mère. Mais le destin va sourire à Mildred, puisque cette féministe avant la lettre va rapidement gravir les échelons, lancer sa propre affaire dans la restauration, devenir riche et même, trouver l’amour. Il y a cependant un versant sombre à la vie de cette self-made woman. Au fil des épisodes, sa fameuse fille aînée va révéler son infâme personnalité, un visage démoniaque, et une influence destructrice.
Sobre, simple
Cette fresque d’époque (admirablement reconstituée sans verser dans le muséal) est donc le récit d’un destin de femme battante que tout accablait pourtant, mais également l’évocation d’une relation mère-fille d’une cruauté terrible, qui ne peut laisser personne indifférent.
Kate Winslet démontre ici encore qu’elle est l’une des comédiennes les plus douées de sa génération: tout en retenue elle parvient à traduire en un regard les tourments d’une femme broyée par ceux qu’elle aime (incarnés par de très justes Evan Rachel Wood et Guy Pearce), avec une économie de moyens impressionnante. On sent qu’elle en a encore des kilomètres sous la pédale s’il le faut, mais qu’elle a pris le parti de la sobriété. Sobriété aussi pour la réalisation, sans effet de manche, sans coups d’éclat. Todd Haynes, avec son ronflant pedigree, aurait pu faire le malin (on lui doit des films remarquables et remarqués comme comme I’m Not There, Velvet Goldmine, ou encore Loin du paradis) mais a décidé ici de s’effacer derrière son sujet. Et de cette simplicité naît une oeuvre télévisuelle ample et émotionnellement très puissante, une minisérie aux maxi effets dont on ne sort pas tout à fait indemne.
Myriam Leroy
MILDRED PIERCE, UNE SÉRIE HBO, RÉALISÉE PAR TODD HAYNES. AVEC KATE WINSLET, GUY PEARCE, EVAN RACHEL WOOD. ****
Ce mardi 22 novembre à 20h50 sur BE 1.
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