Le Théâtre National occupé pour protester contre une culture tombée dans l’oubli

FocusVif.be Rédaction en ligne

Le mouvement français « Occupation Odéon » fait tache d’huile en Belgique. Du nom d’un grand théâtre parisien, ce mouvement dénonce l’incapacité pour les travailleurs de la culture de vivre de leurs métiers depuis un an, dans le contexte de la crise sanitaire. Vendredi après-midi, des artistes belges leur ont emboîté le pas et se sont installés au Théâtre National, dans le centre de Bruxelles.

Ils étaient environ 200 à se rassembler dans l’institution dès 16h00 vendredi et une cinquantaine samedi midi, selon le comédien et metteur en scène Denis Laujol, co-organisateur de l’action au Théâtre National. Réparties sur les trois grands plateaux qui servent généralement de bar et d’espace de conférence, « une trentaine de personnes a dormi sur place et on organise un roulement entre celles qui restent la nuit, pour des raisons de sécurité » liées à la pandémie de coronavirus, explique-t-il.

Ces artistes « sans étiquette » appellent les autres collectifs culturels, comme « Still Standing for Culture« , à les rejoindre mais c’est également une initiative « intersectorielle » qui vise tous les travailleurs à l’arrêt forcé en raison des mesures décidées par le gouvernement dans la lutte contre la propagation du Covid-19, ajoute le directeur de l’institution, Fabrice Murgia. Ce dernier, à l’étranger pour des raisons professionnelles, soutient l’initiative. « Le public est évidemment le bienvenu, car c’est aussi pour lui que l’on fait ça », encourage Denis Laujol.

Un comité de sans-papiers les a déjà rejoint. « Ils sont les bienvenus, car nos luttes se rejoignent contre l’absurdité gouvernementale », commente le comédien.

« L’étincelle a été le dernier Comité de concertation« , qui regroupe des représentants du pouvoir fédéral et des entités fédérées et s’est réuni vendredi, explique l’homme de théâtre. « La culture a, une fois de plus, été totalement oubliée alors que ses travailleurs tombent dans la précarité, la dépression et qu’on essaie de faire comprendre depuis un an que l’ouverture des institutions culturelles n’a pas d’impact sur les chiffres des contaminations. »

Les organisateurs ont donc pris le contre-pied de la morosité ambiante en proposant « un événement festif et un endroit d’échange réel, pas virtuel car on n’en peut plus », ajoute le metteur en scène. L’objectif est d’y mêler musique, débats et activités pour enfants notamment, « toujours dans le respect des règles sanitaires », insiste Denis Laujol.

« On demande aux autorités plus de cohérence dans les priorités et plus de discernement concernant le protocole sanitaire », conclut Fabrice Murgia, qui s’étonne de pouvoir déambuler dans des rues commerçantes bondées alors que les théâtres, cinémas et autres salles de spectacle restent désespérément fermés.

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