Critique scènes: Vizorek, le retour

Alex Vizorek: Ad Vitam © TTO
Estelle Spoto
Estelle Spoto Journaliste

Après l’art dans son premier one man show créé il y a plus de dix ans déjà, Alex Vizorek revient avec un thème « qui parle à tout le monde mais que personne ne connaît vraiment« : la mort. Il en détaille plusieurs aspects dans Ad vitam, créé au TTO.

Le Mort joyeux. C’est avec ces vers de Baudelaire, tirés des Fleurs du mal, qu’Alex Vizorek ouvre son nouveau spectacle, avant même d’entrer en scène. « Attaquer par du Baudelaire, on sait qu’on n’est pas venu voir Guillermo Guiz« , lance-t-il d’emblée en gentille pique à son associé du Kings of Comedy Club, autre humoriste bruxellois exilé à Paname et employé de France Inter (vous l’ignorez peut-être: Vizorek, parfait bilingue FR/NL, officie par ailleurs sur les ondes flamandes, dans la rubrique Coucou de France sur Radio 1).

Et comme lui-même entame le show sur une comparaison avec son collègue, on ne peut s’empêcher de rapprocher les deux lascars sur plusieurs points. Deuxième spectacle pour tous les deux, créé en exclu au TTO, et quelques préoccupations semblables, dont celle de la paternité potentielle. Car si Vizorek a choisi de parler de la mort, il parle évidemment surtout de la vie et de la manière de la donner ou pas. Évoquant différents modes de reproduction animaliers à l’aide de photos projetées sur écran, il procédera aussi à une intéressante analyse SWOT des enfants sur le marché concurrentiel des animaux de compagnie.

Avec Vizorek, ça vole haut. On révise Heidegger, on cite Avicenne (« la largeur, pas la longueur« ), on parle du Caravage, de Delacroix, de Yoko Ono et de Sophie Calle. Et pour équilibrer l’ensemble, ça vole, pas vraiment bas, mais disons, plus au ras du sol, causant viagra, zoophilie et bilan carbone de Michel Fourniret.

Dans un rythme plus pépère que celui de son confrère Guiz, mais avec un contenu au final aussi intense et varié -et en ne sachant pas encore s’il gardera toutes les vannes de cette session initiale quasi expérimentale au TTO, Vizorek fait ce tour de la Faucheuse dans une boucle qui se referme humblement sur lui-même. Une plongée dans la mort dont on ressort paradoxalement ragaillardi.

Alex Vizorek: Ad vitam: jusqu’au 26 juin puis du 16 au 29 août au TTO à Bruxelles; du 16 au 19 septembre au Théâtre Molière à Bruxelles, www.ttotheatre.com

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