Critique scènes: Sex and Jealousy ou le chantage du cocu

© Aude Vanlathem
Nicolas Naizy Journaliste

Écrit par l’un des papes du théâtre du boulevard, Marc Camoletti, Sex and Jealousy ouvre le festival « Il est temps d’en rire » en bord du lac de Genval.

Quand Bernard apprend que sa femme le trompe, sa jalousie lui inspire un chantage morbide. Coinçant l’amant lors d’un rendez-vous factice, il lui propose un marché laissant peu de choix: soit le type le laisse coucher avec sa femme, soit il sera éliminé par camionneur interposé. Peu désireux de finir écrasé par un poids lourd, Robert ne peut qu’accepter la proposition de son rival et les deux organisent le soir même un dîner pour permettre la rencontre entre sa femme et Bernard. Mais lui aussi mijote un plan et rien ne va se passer comme prévu… évidemment.

Plus qu’une intrigue, le théâtre de boulevard, c’est avant tout une mécanique. Et Marc Camoletti (1923-2003), l’auteur de Sex and Jealousy (1993), proposé dans le cadre du festival « Il est temps d’en rire » sur les rives du lac de Genval, la maîtrise certainement. Son Boeing-Boeing (1960) est sans doute l’une des pièces les jouées au monde. Sa spécialité des comédies de cocus de la petite bourgeoisie, avec amants dans le placard, bonne à tout faire et quiproquos qui siéent au style. À Bruxelles, le Théâtre de la Toison d’or en a fait une de ses plumes de prédilection, ayant proposé par le passé Boeing-Boeing et Pyjama pour six, avec un certain succès.

Critique scènes: Sex and Jealousy ou le chantage du cocu
© Aude Vanlathem

Ne boudons pas notre plaisir, la mise en scène de la directrice de ce même TTO, Nathalie Uffner, joue parfaitement la partition d’un vaudeville à l’esthétique fifties, tout en étant servie par une distribution qui s’amuse pleinement. On se délecte particulièrement des prestations d’Antoine Guillaume qui joue Bernard le mari trompé avec tout le cynisme qu’impose sa terrible machination destinée à coincer le malheureux Robert. De celle aussi d’un Thibaut Nève qui injecte tout le malaise comique qui se doit dans le rôle du queutard pris la main dans le sac. En hilarante servante, Catherine Decrolier amène la loufoquerie indispensable à son personnage de paresseuse des fourneaux et ne manque pas de hausser le sourcil face aux délires de cette classe moyenne frivole. Delphine Ysaye, Odile Mathieu et Julie Lenain incarnent avec tous les excès voulus par leurs rôles les trois femmes, roues de cette horlogerie adultérine. Les dames savent ici aussi placer leur pion et ne pas finir en dindes de la farce. De toute façon, personne ne sort réellement vainqueur.

Installé dans son transat planté dans l’herbe, le spectateur, lui, déguste ce bonbon théâtral estival comme son verre de vin blanc, là aussi tradition d’un été culturel qui ne se prend pas toujours la tête tout en riant à pleines dents. C’est là la promesse d’un festival, qui en est à sa deuxième édition, concocté par Thibaut Nève lui-même et qui proposera dans la suite de l’été spectacles d’impro et d’humour.

Sex and Jealousy, de Marc Camoletti, une mise en scène de Nathalie Uffner. Jusqu’au 31 juillet au festival « Il est temps d’en rire », à Genval. www.ilesttempsdenrire.be

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