The Last Guardian, le réveil de la bête

The Last Guardian © Sony Computer Entertainment

En deux titres cultes (Ico et Shadow of the Colossus), Fumito Ueda élevait le jeu vidéo des années 2000. The Last Guardian, sa troisième création, est une fresque attachante. Mais imparfaite.

Réconforter Trico en plongeant ses mains dans son épais plumage est un acte apaisant. La charmante chimère désarmante de naturel semble en effet animée d’une vie propre. Confiée aux bons soins du joueur, la créature géante de The Last Guardian bondit en fait comme un prolongement des obsessions de Fumito Ueda, son père. Le créateur de 46 ans explorait en 2001 et en 2005 l’attachement entre deux êtres sur Ico puis Shadow of the Colossus. Aujourd’hui, ce diplômé de l’université des Beaux-arts d’Osaka emprunte à nouveau cette voie. Saint-Exupery, son Petit Prince et son Renard acquiesceraient à coup sûr.

Bien avant la vague indé actuelle, Fumito Ueda marquait le paysage gaming de la PlayStation 2 avec Ico et Shadow of the Colossus. Ce dernier enjoignait aux gamers de terrasser ses titans minéraux et végétaux tandis que le premier demandait de littéralement prendre une jeune fille par la main, au fil d’une échappée spectaculaire. À une époque où le jeu vidéo à messages n’existait pas sur consoles, cet artiste adepte de peinture à l’huile tissait unlien inédit entre art et gaming pour un résultat hybride qui -chose rare- ne dénaturait aucune des deux identités. Un parfait équilibre qui fait encore école aujourd’hui.

Dressée pour aider

Comme ses prédécesseurs, The Last Guardian se débarrasse de toute interface (exit la barre de vie) pour un résultat proche d’un film d’animation qui se jouerait à la manette. Qu’il titube au bord d’un ravin ou saute pour s’agripper à une paroi, le héros sans nom de l’attachante épopée réagit avec un naturel qui doit faire sourire Eric Chahi (Another World).Attraction principale et ressort ludique central du titre, Trico, son compagnon de chaque instant, répond à la même logique. On ne se lasse pas d’observer ses moindres gestes jusqu’au plus trivial. Mieux, ce griffon aux yeux luminescents et aux cornes atrophiées s’impose comme un couteau suisse débloquant une succession d’étapes clefs de l’aventure.

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En se hissant sur le dos de la bête, on accède ainsi à des plateformes haut perchées. Parfois, sa morphologie se cale comme une pièce de Tetris que l’on escalade en commençant par sa longue queue pour terminer par sa tête. Après avoir traversé plusieurs temples abandonnés, on finit par monter l’animal, le coeur serré. La bête tire aussi des poulies et réagit à des ordres. Le tout dans des passages sous forme de vrais puzzle game avec des interrupteurs et autres pièces de métal à déplacer pour, par exemple, bloquer une porte.

Aussi fascinant soit-il, The Last Guardian s’enferme malheureusement dans des niveaux souvent claustrophobes et lassants. La technique et le game design qui invoque des phases de plateforme surannées fleurent bon une PS2 de l’an 2000. Certes, de belles surprises attendent le gamer à fleur de peau. Mais le choc provoqué par Ico et Shadow of the Colossus est loin, très loin même.

ÉDITÉ PAR SONY COMPUTER ENTERTAINMENT ET DÉVELOPPÉ PAR SIE JAPAN STUDIO (TEAM ICO), ÂGE: 12+, DISPONIBLE EXCLUSIVEMENT SUR PLAYSTATION 4. ***(*)

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