Critique | Cinéma

Strange World, le nouveau venu des studios Disney

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Une famille d’aventuriers découvre un monde inexploré, truffé de dangers et peuplé de créatures fantastiques, dans Strange World. © disney
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Titre - Strange World (Avalonia, l’étrange voyage)

Genre - Animation

Réalisateur-trice - Don Hall et Qui Nguyen

Durée - 1h42

Nicolas Clément
Nicolas Clément Journaliste cinéma

Le nouveau long métrage d’animation des studios Disney nous convie à un mystérieux voyage au centre de la terre, quelque part entre Jules Verne, la science-fiction pulp et un parfum d’aventures à la Spielberg.

Dans un contexte largement bégayeur du divertissement de masse où la resucée est reine, il est rafraîchissant de voir débouler un nouveau long métrage Disney qui ne soit ni une suite, ni un prequel, ni un spin-off, ni un remake, ni un reboot de quoi que ce soit. Pour autant, le scénario original de Strange World, 61e classique d’animation des studios aux oreilles de Mickey, qui atterrit dans les salles ce 23 novembre, ne sort pas de nulle part. Riche en influences diverses et variées, il embarque une famille d’explorateurs pour un voyage en terre inconnue, à la découverte d’un monde nouveau peuplé de créatures fantastiques, amusantes ou hostiles. Face aux images de cette expédition souterraine périlleuse dominée par une esthétique ronde et hyper colorée qui ressort des 20 minutes d’extraits que nous avons pu voir, on pense pêle-mêle à l’univers développé dans les livres de Jules Verne, aux vieux magazines pulp faisant la part belle aux histoires de science-fiction et aux films d’aventures réalisés dans les années 80 et 90 par Steven Spielberg, mais aussi à King Kong, The Lost World et même Avatar. Parmi d’autres.

À la manœuvre: le réalisateur Don Hall (Big Hero 6) et le coréalisateur et scénariste Qui Nguyen (Raya et le Dernier Dragon), avec lesquels nous avons eu la chance de pouvoir tailler le bout de gras. Morceaux choisis.

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Une affaire de famille

Don Hall:L’idée était vraiment de réunir trois générations d’aventuriers contraints d’unir leurs forces malgré leurs différences. Le plus vieux, Jaeger, est un explorateur légendaire. Une espèce de Michael Jordan de l’exploration: courageux, audacieux, intrépide… Il n’a peur de rien et ne tient pas en place. Searcher, son fils, n’est pas comme lui. Il préfère s’occuper de sa ferme et de sa famille plutôt que de courir le monde. Ethan, enfin, a 16 ans et se situe un peu entre ses deux aînés. Il se sent partagé entre la ferme où il a grandi et son désir d’aventures. À travers ces trois personnages, il nous tenait à cœur d’observer ce qui se joue dans les relations père-fils. Que laisse-t-on derrière soi à ses enfants? Et que choisissent de faire ces derniers de cet héritage?

Un film sous influences

Qui Nguyen:La première fois que j’ai rencontré Don pour parler de l’écriture du scénario, il avait déjà une vision assez claire de ce qu’il voulait. Il m’a explicitement demandé d’imaginer une aventure à la Indiana Jones ou à la King Kong, mais emmenée par une famille comme celle qu’on retrouve dans Little Miss Sunshine ou bien dans le National Lampoon’s Vacation de Harold Ramis avec Chevy Chase. Il avait vraiment l’ambition de combiner ses marottes d’enfant avec quelques-unes de ses passions actuelles: les livres de Jules Verne, Les Aventuriers de l’arche perdue, les différents épisodes de Star Wars, des films Disney au fort parfum d’aventures comme Peter Pan, etc. Il y avait déjà beaucoup d’éléments dans le potage avant même que nous commencions à écrire notre propre histoire.

Un récit d’apprentissage

Qui Nguyen: “Strange World repose beaucoup sur l’idée qu’on peut encore apprendre des choses et grandir en tant que personne à tous les âges. Les trois hommes autour desquels se construit le film ont 16, 40 et 60 ans. Le plus jeune, encore adolescent, va devoir découvrir quel chemin emprunter dans l’existence pour s’épanouir pleinement. Son père, quant à lui, va être amené à réévaluer les choix qu’il a posés en tant qu’adulte. Son grand-père, enfin, se retrouve dans une position où il va devoir assumer les responsabilités de ses décisions passées. Chacun d’entre eux se voit à sa manière confronté à cette question: comment rendre le monde meilleur pour soi et pour les autres? Mais aussi: comment faire pour continuer à s’améliorer et contribuer à faire progresser les autres?

Une dimension écologique

Don Hall: Toute la trame du film se noue en filigrane autour de la crise écologique que nous traversons actuellement, et des questionnements et préoccupations que ça peut susciter. Nous vivons un moment tout à fait crucial de notre Histoire, avec beaucoup d’incertitudes concernant l’avenir et notre présence sur cette planète. Pour chaque parent, c’est une angoisse particulièrement aiguë, je crois. Parce qu’il est impossible d’éviter de se demander dans quel état sera le monde que nous laisserons à nos enfants. Strange World, bien sûr, reste avant tout une comédie d’aventures qui a du cœur, mais il nous semblait impossible de faire pour autant l’impasse sur ces problèmes. C’est pour ça que le scénario gravite autour d’une ferme et d’une plante aux propriétés très spéciales.

Des créatures sans visage

Don Hall:Pour ce film, nous avons dû inventer un monde et des créatures à partir de rien. Il nous a donc fallu établir certaines règles. Nous avons par exemple décidé que les créatures peuplant ce monde nouveau n’auraient pas de visage, et donc pas d’yeux ni de bouche. C’était une manière d’éviter la tentation de l’anthropomorphisation. Mais aussi de challenger notre équipe d’animateurs en les poussant à créer des êtres vraiment singuliers, avec des façons de se mouvoir et d’interagir très personnelles. Nous avons également choisi d’éviter au maximum les contours anguleux pour leur préférer les courbes et les arrondis. Ainsi, les personnages du film se retrouvent confrontés à un monde qui n’est pas rigide, et qui peut même sembler accueillant sous certains dehors inquiétants.

Strange World (Avalonia, l’étrange voyage)

Centré autour des aventures hautes en couleur de trois générations d’explorateurs au cœur d’un mystérieux monde souterrain, le 61e classique d’animation des studios Disney soigne ses scènes d’action et réserve quelques vraies fulgurances visuelles mais manque parfois de carburant narratif. On apprécie la fluidité et l’éclat de l’univers et du bestiaire qui s’y développent, mais on adhère moins à un comique de situation qui repose sur des personnages trop souvent réduits à des stéréotypes (l’explorateur intrépide, l’agriculteur bon père de famille, l’adolescent woke…). Inégal, le film se cherche avant de réussir son grand final, invitant à dépasser certains vieux schémas de pensée pour vivre en harmonie avec soi, les autres et le monde.

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