Salo ou les 120 journées de Sodome, le film le plus trash de l’histoire du cinéma

Capture d'écran de "Salo ou les 120 journées de Sodome", de Pier Paolo Pasolini. © YouTube
FocusVif.be Rédaction en ligne

Pourquoi le dernier film du sulfureux Pier Paolo Pasolini, Salo ou les 120 journées de Sodome, libre adaptation du marquis Sade dans l’Italie fasciste, compte-t-il parmi les plus trash de l’histoire du cinéma ?

Romancier, poète, intellectuel, cinéaste, Pier Paolo Pasolini était l’une des figures les plus importantes du XXe siècle.

L’homme sera retrouvé sauvagement assassiné sur une plage d’Ostie le 2 novembre 1975, à l’âge de 53 ans. Si à ce jour, l’affaire conserve son mystère, les pistes n’ont jamais manquées. Communiste notoire, en délicatesse avec les religieux, Pasolini, qui ne cachait pas son homosexualité, s’apprêtait à lancer une bombe à la face du monde: Salo ou les 120 journées de Sodome, transposition dans l’Italie fasciste de l’oeuvre du marquis de Sade.

Divisé en quatre tableaux, Salo va crescendo dans l’ignoble. La dernière partie où des notables regardent à la jumelle la mutilation de jeunes suppliciés offre une « jolie » parabole de la société du spectacle et préfigure les bassesses berlusconiennes à venir. La télévision avec ses jeux de télé-réalité reproduira en effet, le schéma des 120 journées de Sodome, en enfermant à tour de bras des candidats dans des lofts aseptisés pour s’entredévorer.

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J’irai cracher sur votre monde!

Entreprendre la lecture des 120 journées de Sodome (1785) écrit par un Marquis de Sade embastillé, c’est se confronter à une douloureuse expérience. On y suit une orgie orchestrée par quatre aristocrates désoeuvrés sous le règne de Louis XIV. Nos héros prennent d’abord le soin de kidnapper une flopée de vierges et de puceaux, afin de les enfermer dans un château pour leur faire subir les pires abominations sexuelles, psychologiques, physiques…

Pasolini a bien-sûr achevé l’oeuvre, s’en est imprégné pour la recracher dans notre monde moderne. Un monde où la bourgeoisie -grande et moyenne- a certes remplacé une aristocratie désuète, mais reste tout aussi vorace. Le film de Pasolini situé dans l’Italie fasciste se reflète dans toutes nos époques passées et actuelles. Cette intemporalité est peut-être ce qui le rend si choquant!

Mais c’est de la merde!?!?!?!?

Toutes celles et ceux qui ont vu le film de Pasolini, se souviennent avec horreur de ces scènes de banquet où de la merde humaine est servi en plat de résistance. Ou encore ces gros plans où des jeunes filles et des jeunes hommes sont aspergées de pisse. Et oui, nos excréments bigger than life ne sont pas beaux à voir, encore moins à manger!

Une telle crudité visuelle reste encore aujourd’hui inédite dans l’industrie du cinéma mainstream. Si des sites pornographiques spécialisés permettent d’assouvir toutes ses envies – y compris les moins avouables – Salo ou les 120 journées de Sodome oblige le spectateur de cinéma, à voir l’horreur en face. Stanley Kubrick dans son Orange Mécanique réalisé 4 ans auparavant, avait déjà exploré cette rééducation par l’image. Dans le film de Pasolini, le voyeur est désormais pleinement consentant et met en scène la propre violence de ses images. A quand une version 3D de Salo ?

Thomas Baurez (Studio Ciné Live)

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