Ramata-Toulaye Sy, réalisatrice de « Banel & Adama »: “Je voulais écrire la plus grande histoire d’amour africaine »

© Norman Wong

Je dis toujours que le cinéma m’est tombé dessus.” Passionnée de littérature, Ramata-Toulaye Sy se lance d’abord dans des études d’Histoire, avant de se dire qu’elle aimerait bien en raconter, des histoires, et que pour ça, le cinéma est l’outil le plus accessible. Au début, elle se dit qu’elle va écrire et suit une formation de scénariste à la Fémis. Par ces hasards qui font des destins, elle se retrouve à réaliser elle-même son scénario de fin d’études, Banel & Adama. La productrice qui a acquis les droits est persuadée qu’il n’y a qu’elle qui puisse le réaliser. Quand on lui demande ce qui l’a convaincue de franchir le pas, Ramata-Toulaye Sy éclate de rire: “Mais je n’en suis toujours pas convaincue! En toute honnêteté, ce tournage a été très éprouvant, on tournait au Sénégal, il faisait 50 degrés. Mais je me suis découvert un goût pour l’image que je ne me connaissais pas.

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Ce qui rend souvent les premières fois fulgurantes, ce sont la fougue et l’audace. L’envie aussi de changer les choses. “Je voulais écrire la plus grande histoire d’amour africaine. Il y a beaucoup de films naturalistes qui parlent des problèmes de société, ils sont nécessaires, mais l’imaginaire africain ne peut pas se réduire à ça. Mon film (lire critique page 33), c’est une tragédie universelle. Banel, je la rêvais comme un personnage mythique, une Médée, une Lady Macbeth. Et puis je voulais qu’elle soit méchante, aussi, que sa passion l’entraîne vers la folie. Je n’avais jamais vu de personnage féminin de cet acabit en Afrique, ce sont toujours des femmes victimes. Je ne pensais pas que Banel dérangerait autant, mais c’est la preuve qu’il est temps de changer notre regard sur la femme africaine et la femme noire.” Sur les hommes aussi: “Chez Adama, j’ai mis de la tendresse et de la douceur. C’est lui qui incarne la fragilité.”

Pour donner corps et chair à la tragédie, elle se tourne vers le réalisme magique, s’inspirant de sa culture littéraire, Toni Morrison notamment, la poésie de Maya Angelou aussi. Toujours ce souci d’aller à l’encontre du naturalisme: “Au son, je voulais éviter la kora, convoquer des sonorités plus électriques. Aller vers l’universel.

Des modèles pour la suite? “Terrence Malick! Peu de films, mais de grands films! Je ne me vois pas faire des films tous les deux ans, et je ne compte pas me presser. Je veux faire des films audacieux et ambitieux, et ça prend du temps.

Ramata-Toulaye Sy

Profession Cinéaste

Âge 37 ans

Pays France, Sénégal

Actu Banel & Adama actuellement en salles

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