Kevin Dochain

Pourquoi les sous-titres de Star Wars 7 sont-ils aussi mauvais?

Kevin Dochain Journaliste focusvif.be

Si une chose nous a choqué dans The Force Awakens, outre la mort de ****, ce sont bien les nombreuses fautes d’orthographe et de traduction qui jonchent le film de J.J. Abrams. Comment? Pourquoi? Tentative de décryptage.

Ce lundi, Disney nous gratifiait d’un communiqué louant les résultats du nouveau Star Wars dans les salles belges. Soit une première position au box-office grâce à 942.000 entrées en 26 jours, pour un total de 8.400.000 euros, et une longue série de records: meilleur film Disney de tous les temps, meilleur film Star Wars de tous les temps, meilleure sortie hollywoodienne de 2015, meilleure semaine d’ouverture, et meilleur week-end d’ouverture de tous les temps, tant pour Star Wars que Disney.

Le film était attendu, et la campagne de promotion dantesque qui l’a précédé a eu de quoi faire pâlir tous les Daft Punk du monde. Mais pour une entreprise d’une telle envergure, on aurait apprécié que des détails d’importance n’aient pas été sacrifiés sur l’autel du marketing, comme ça a été le cas pour le sous-titrage francophone de The Force Awakens. On s’explique.

Lors de notre première vision du film, le week-end de sa sortie, un « côté obscure » (sic) glissé dans les sous-titres nous a fait bondir de notre siège. Si bien qu’on a voulu vérifier, une quinzaine de jours plus tard, que ce n’était pas l’émotion qui nous avait joué des tours. On est donc retourné, calepin à la main, prendre note des incohérences qu’on y trouverait, espérant secrètement que celles-ci auraient été corrigées entre temps. Les voici, par ordre chronologique d’apparition:

  • Un « unharmed » (« indemne », « sain et sauf ») traduit par « inoffensif »;
  • C3PO qui se plaint à Han Solo d’un « Princesses! » fatigué, qui aurait dû être traduit par quelque chose comme « Ah, les princesses! ». Non, ce sera « Princesse! », comme s’il s’adressait à Leia Organa;
  • Un peu plus tard, Leia parle donc bien de « côté obscure ». Ça nous pique encore aux yeux de l’écrire;
  • Le prénom de Han Solo est ensuite torturé: « Hans a raison » et tout à coup, on l’imagine en costume bavarois;
  • « The Falcon is this way », traduit en « Le Faucon est en route ». Là, éventuellement, on veut bien être indulgent croire à une liberté de traduction, mais ce n’est pas comme si cela aurait desservi le récit de traduire simplement « Le Faucon est par là »;
  • Plusieurs lecteurs nous signalent la présence d’un « textless » qui a oublié d’être remplacé;
  • Un autre lecteur nous parle également d’un « inhabited planet » traduit par « planète inhabitée », alors que ça veut bien sûr dire planète… « habitée »;
  • Et on n’est pas sûr d’avoir fait le tour…

Le pourquoi du comment

Pour savoir qui était responsable de ces horreurs, on est resté jusqu’à la fin du générique pour voir qui s’était chargé la traduction, comme c’est pratique courante de l’y indiquer. Mais rien, non. C’est donc du côté de chez Disney qu’on se tournera, tentant d’avoir des réponses de la part de deux de ses responsables presse belges, qui nous ont jusqu’à présent laissés dans le vent (et ça fait une semaine).

Comment de telles erreurs ont-elles pu rester à l’écran sans être corrigées? Personne chez Disney ne s’en est-il aperçu ou n’a-t-il été averti? À l’heure du tout au numérique, est-ce si compliqué de remplacer la copie d’un film?

Nous n’aurons pas le fin mot de l’histoire pour l’instant, mais on imagine facilement que le secret autour du film (on rappelle qu’il n’y a d’ailleurs pas eu de vision de presse avant la veille de la sortie et que celle-ci était cadenassée par des contrats insensés) aura poussé les traducteurs à travailler en dernière minute, bâclant le travail de relecture. Personne n’est parfait, on l’accorde. Des fautes, il nous arrive d’en faire nous-mêmes, mais elles sont toujours corrigées au plus vite. Et quand on travaille sur un film au budget de 200 millions de dollars, qui a en outre coûté 4 milliards à Disney quand la compagnie a racheté LucasFilm, on a du mal à avaler le fait qu’il n’ait pas été possible d’engager un relecteur supplémentaire. Money money money…

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