Poelvoorde et Mariage, drôles de zèbres

Les Rayures du zèbre - Benoît Poelvoorde © DR
Louis Danvers
Louis Danvers Journaliste cinéma

Benoît Mariage signe avec Les Rayures du zèbre une comédie alliant le rire grinçant et l’émotion.

La comédie italienne a toujours été pour Benoît Mariage une référence absolue. Un genre qui met en scène des gens de milieux populaires, un rire qui ose aborder les questions sociales, un humour qui s’allie au tragique pour exprimer au mieux ce qu’est l’humain dans sa fragilité, dans ses contradictions. Les Convoyeurs attendent et Cowboy adaptaient cet héritage au cadre et à la mentalité belges et à une thématique très personnelle, trouvant en Benoît Poelvoorde l’interprète idéal, l’indispensable complice. Mariage pousse le bouchon plus loin dans Les Rayures du zèbre, abordant le thème des rapports Europe-Afrique sur les pas d’un recruteur (Poelvoorde, encore) cherchant de jeunes footballeurs de talent en Côte d’Ivoire et ramenant l’un d’entre eux (Marc Zinga) en Belgique pour le « placer » dans un club.

Le réalisateur avait depuis longtemps envie de situer un film dans le monde du foot, et le thème des agents de joueurs prospectant le « marché » africain était un angle prometteur. D’autant qu’il avait fait la connaissance de Serge Trimpont, ex-journaliste sportif devenu agent. « Serge a bien gagné sa vie dans ce métier, et le cinéma l’intéresse, explique Mariage. Alors il m’a dit OK, et nous sommes partis une dizaine de jours en Côte-d’Ivoire. Il m’a ouvert son coeur, et sa passion. J’ai été très touché par lui, par l’environnement qu’il me faisait découvrir, et par le personnage qui était en train de se profiler… Un personnage romanesque, ayant un accent à la Raymond Goethals… comme Serge. J’en étais sûr: il y avait là un film! »

Benoît Mariage, à droite
Benoît Mariage, à droite© DR

Charisme et naturalisme

Pour la quatrième fois (il faut aussi compter le court métrage primé Le Signaleur), Benoît Poelvoorde retrouve la caméra de Benoît Mariage. « Il me fallait sa gouaille, et puis ce rapport du Belge à l’Afrique, aussi. Et quelqu’un qui rayonne d’assez de chaleur pour faire passer des choses qui, sinon, seraient parfois inacceptables. Ben a ça en commun avec Goethals que quand il dit quelque chose, même d’énorme, ça passe… Il a la carrure. Le charisme. Et tout ça sans rien connaître au foot! » Mais un troisième Benoît est aussi décisif dans la réussite des Rayures du zèbre. Son nom est Dervaux et il est notamment cadreur des frères Dardenne… « Ensemble, nous avons entrepris de faire un film naturaliste , presque documentaire, quasi comme dans Strip-tease« , commente Mariage, qui a voulu être d’autant plus vrai dans son approche que son film flirte avec les frontières du politiquement correct. « Il n’y avait aucune volonté de provocation, seulement le désir de partir de la réalité. Par exemple de ce paternalisme, colonialiste, mais teinté de beaucoup d’affectivité. Et des rapports à l’argent, aussi des rapports hommes-femmes. En prenant le parti d’en rire mais sans jamais perdre de vue l’aspect humain des choses. »

3 QUESTIONS À BENOÎT POELVOORDE

Benoît Poelvoorde
Benoît Poelvoorde© DR

Le film a le rire audacieux, dans les rapports Afrique-Europe notamment…

J’ai de suite aimé le script parce que c’est rare de voir un texte où on aperçoit ce qui peut faire mal sous l’humour. L’accent bruxellois, dont je ne voulais pas au départ pour éviter le cliché, Benoît (Mariage, ndlr) m’a convaincu de le faire. Il pensait que cet accent allait permettre de dire des choses aux limites du politiquement correct, qui n’auraient pas pu passer comme ça, à plat. Il avait raison!

Il paraît que vous n’aimez pas la chaleur. Il faisait torride à Abidjan durant le tournage…

Il faisait 48° et 98 % d’humidité… On ne pouvait pas me mettre un gramme de maquillage, ça ne tenait pas tellement je suais! Je m’appelais « la méduse ». D’accord j’aime bien faire des films à l’arrachée, mais là je coulais, je souffrais… Benoît, lui, ne transpire jamais! Je l’ai vu mettre des chaussettes… Moi j’étais torse nu tout le temps, et si j’avais pu enlever mon froc je l’aurais fait…

Un tournage difficile, donc?

Je ne fais pas du cinéma pour souffrir! Parfois je n’en pouvais plus, et comme je n’ai pas la patience de Benoît… Les Africains de l’équipe avaient fini par m’appeler Danger, car j’avais écrit sur ma chaise: « Interdit de s’asseoir. Danger »…

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