Critique | Cinéma

Plan 75: une dystopie réaliste sur l’esprit d’abnégation des Japonais

3,5 / 5
© National
3,5 / 5

Titre - Plan 75

Réalisateur-trice - De Chie Hayakawa

Casting - Avec Chieko Baisho, Hayato Isomura, Stefanie Arianne

Durée - 1h49

Jean-François Pluijgers
Jean-François Pluijgers Journaliste cinéma

Dans Plan 75, les autorités japonaises mettent en place un programme proposant aux plus de 75 ans de mettre fin à leurs jours. Une dystopie troublante.

Dystopie réaliste, Plan 75 se situe dans un futur proche alors que, confrontées au vieillissement de la population et au poids que fait peser celui-ci sur les finances publiques, les autorités japonaises décident d’implémenter le Plan 75. Destiné au plus de 75 ans, celui-ci leur propose, moyennant un soutien financier et avec un accompagnement psychologique optionnel, de mettre fin à leurs jours, capitalisant notamment sur l’esprit d’abnégation des Japonais. Ce programme radical, ils vont être quelques-uns à s’y trouver confrontés: Michi (Chieko Baisho), une candidate au plan du haut de ses 78 ans de solitude au quotidien, la précarité en ligne de mire par surcroît, dès lors qu’elle perd son petit boulot de préposée, parmi d’autres personnes âgées, à l’entretien d’un grand hôtel; Hiromu (Hayato Isomura), un jeune fonctionnaire chargé de l’application du plan, qui aura la surprise de découvrir que son oncle y a souscrit le jour même de ses 75 ans; et Maria (Stefanie Arianne), une jeune aide-soignante philippine travaillant dans l’hôpital où sont accueillies les personnes désireuses de recourir à l’euthanasie…

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Une quasi-réalité glaçante

Premier long métrage de Chie Hayakawa, Plan 75 dispense un profond sentiment de malaise, la cinéaste dépeignant les mécanismes de ce système d’euthanasie institutionnalisé avec une objectivité et une froideur toutes cliniques. Assorties, au besoin, d’un soupçon d’humour noir -le slogan “On ne choisit pas de naître, on peut choisir de mourir”-, ou encore ce “Plan 75 Platinum” que vantent les agences gouvernementales portant le programme. Mais si le film est glaçant, c’est aussi parce que, au-delà de son esthétique idoine, la réalité qu’il décrit ne semble, en définitive, guère éloignée, qui ne fait jamais que pousser à l’extrême la logique d’une société ultralibérale ne sachant que faire de ses personnes âgées. Et, par extension, des improductifs de tout poil.

Un constat que Hayakawa pose avec une incontestable finesse, tout en refusant de s’y résigner. Et transcendant le côté programmatique du scénario (et son déséquilibre relatif, le film se dispersant du fait de son côté choral) pour livrer, l’air de rien, une ample méditation sur l’existence, dans une démarche n’étant pas sans évoquer par endroits le cinéma d’un Kore-eda (avec qui la réalisatrice avait d’ailleurs collaboré sur le projet Ten Years Japan). C’est dire aussi si, passé le choc initial, le trouble de Plan 75 s’insinue en douceur, mais surtout en profondeur, ouvrant sur un large champ de réflexion. La révélation d’une cinéaste, récompensée d’une mention spéciale à la Caméra d’or au dernier festival de Cannes.

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