Paranormal Activity 3 n°1 au box office américain: pourquoi les films d’horreur ont la cote

The Ring, La Colline a des yeux, les Saw, REC ou plus récemment la trilogie Paranormal Activity: les films d’horreur attirent souvent les foules. Mais pourquoi diable aimons-nous aller nous faire peur dans les salles obscures?

On l’a appris ce week-end: le film d’épouvante Paranormal Activity 3 est en tête du box office nord-américain pour sa première semaine, devançant Real Steel, Les Trois mousquetaires, le remake Footlose ou encore l’excellent thriller politique Les Marches du pouvoir de George Clooney. Le film, se voulant pseudo « réaliste  » (avec caméra au poing à la Blair Witch) est le troisième volet de la saga Paranormal Activity – les deux premiers ayant également cartonné en 2009 et 2010 – et a engrangé ainsi 54 millions de dollars de recettes, rien que ce premier week-end d’exploitation. Soit le meilleur démarrage pour un film d’horreur aux USA.

Il est curieux de voir que certains films, même médiocres ou ratés, remplissent les salles, au grand dam d’autres oeuvres cinématographiques. Le coupable est, dans ce cas ci, le film d’horreur. Etonnant d’autant plus que Paranormal Activity utilise pour la 3ème fois la même recette : un couple d’américains moyens s’interroge sur les éventuelles activités surnaturelles se produisant dans leur maison la nuit. Ils décident donc de poser des caméras dans toutes les pièces, branchées 24h/24. Et le lendemain, ils découvrent ce qui s’est passé pendant leur sommeil… A priori, le pitch sur papier est plutôt alléchant, mais en trois épisodes, le sujet s’est vite essoufflé. On pouvait supposer que le public allait se lasser. Et bien non, le résultat est là. Mais le phénomène n’est pas neuf, bien sûr: d’autre longs-métrages du genre rencontrent le succès au fil des ans, là-bas comme chez nous: The Ring, Destination Finale, The Grudge, tous les SAW, REC 1 et 2… Dès lors, on ne peut s’empêcher de se demander : pourquoi les films d’horreur ont-ils autant de succès? Qu’allons-nous y chercher? Serge Tisseron, docteur en psychologie, a étudié les rapports que nous entretenons avec les médias et les images. Il affirme qu’il y a trois raisons pour expliquer cet engouement: « Nous sommes tous porteurs, à l’intérieur de nous, du sentiment d’avoir été des victimes dans notre enfance, même si nous n’avons pas vécus de vraies maltraitances. Nos parents nous  » infligeaient » une éducation que nous trouvions injuste et nous avions peur des représailles. Peu à peu, nous avons repoussé, refoulé ces idées. Plus tard, quand nous voyons des images de violence, ces représentations qui nous habitent sont réveillées. » Réanimer ces peurs enfouies serait une première réponse à cette envie d’images terrifiantes.

Avoir peur « délicieusement »

Une deuxième raison serait liée au paysage audiovisuel actuel. Selon le psychologue, les enfants sont confrontés très tôt à des images trop violentes pour eux (à travers les JT, films, journaux…) « Les enfants n’ont aucun recul face à ces images, ils ne savent pas s’en protéger. Mais une fois adultes, ils vont partir à la recherche d’images violentes en sachant, cette fois ci, se protéger. » En effet, visionner un film d’épouvante provoque du plaisir, on ne le fait jamais en se forçant. Il y a là quelque chose de rassurant car on sait que c’est du cinéma et non la réalité. Serge Tisseron résume ainsi très bien : « C’est le plaisir de pouvoir se confronter à des images horribles tout en pouvant se protéger, car on sait que c’est faux, alors que petit, on ne le pouvait pas. » Ce n’est pas une sorte de fascination pour l’horreur qui motive les adeptes du genre, comme on pourrait le croire. « C’est plutôt une manière de prendre une revanche par rapport au passé. C’est l’envie d’avoir peur « délicieusement! » »

Enfin, le sentiment d’insécurité éprouvé dans la société actuelle peut, aussi, engendrer ce besoin d’être rassuré, en regardant du « trash » délibérément: « Réchauffement climatique, menaces terroristes…les gens sont confrontés à de nombreuses sources d’inquiétude qui les dépassent. D’où l’idée de se confronter à des images-catastrophes qu’on peut maitriser. Précisons qu’en général les scénarios appréciés du public sont impossibles ou loufoques : les extra-terrestres, les vampires… » Le « possible », l’envisageable, lui, effraye trop.

Ainsi, depuis des décennies, on aime frissonner en salle et, bonne nouvelle!, on peut s’en donner à coeur joie (même si tout se consomme avec modération). C’est sain, et une façon comme une autre de se sentir en vie.

J.M. (stg)

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Bande annonce de « Paranormal Activity 3  »

Site officiel de « Paranormal Activity 3 » http://www.paranormalmovie.com/

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