Mostra de Venise: le film du jour (5)
The Cut, de Fatih Akin.
On l’attendait à Cannes, c’est finalement à Venise que l’on aura découvert The Cut, le nouveau film de Fatih Akin, le cinéaste allemand clôturant ainsi la trilogie entamée avec Gegen die wand il y a tout juste dix ans, et poursuivie avec Auf der anderen seite, en 2007. Si les deux premiers volets touchaient l’un à l’amour, l’autre à la mort, celui-ci se collète avec le diable, rien moins. S’attelant à une vaste fresque historique, Akin arrête le temps en 1915, à Mardin, au coeur de l’empire ottoman. C’est là que l’on découvre Nazareth Manoogian (Tahar Rahim), un ferronier menant une vie familiale heureuse, jusqu’au jour où, comme les autres Arméniens de la ville, il est emmené par la police turque. Le début d’un long calvaire, l’histoire à suivre s’écrivant dans le sang du génocide; une horreur à laquelle Nazareth survit miraculeusement, pour ensuite partir, mu par l’amour et l’énergie du désespoir, à la recherche de ses deux filles dont il a appris qu’elles étaient encore vivantes.
C’est peu dire que l’on a déjà connu Fatih Akin mieux inspiré. Passe encore pour l’improbable bric-à-brac linguistique présidant à The Cut, dont la manifestation la plus outrée est de voir, ou plutôt d’entendre, Rahim s’exprimer en anglais (!). Plus gênant, le réalisateur ne trouve jamais le ton juste, qu’il s’agisse d’évoquer le génocide arménien ou encore l’odyssée en forme de long chemin de croix à suivre, son film étant à ce point lourdingue qu’il échoue à tous les niveaux, épique ou métaphorique. La démonstration par l’absurde que Akin n’est jamais aussi à l’aise que dans les sujets plus modestes en apparence mais pas moins pénétrants pour autant, que l’on se rappelle Gegen die wand ou, plus près de nous, Soul Kitchen.
Vous pouvez modifier vos choix à tout moment en cliquant sur « Paramètres des cookies » en bas du site.
Vous avez repéré une erreur ou disposez de plus d’infos? Signalez-le ici