Mostra de Venise: le film du jour (10)

Le casting de Good Kill: January Jones, Ethan Hawke et Zoe Kravitz. © REUTERS/Tony Gentile
Jean-François Pluijgers
Jean-François Pluijgers Journaliste cinéma

Good Kill, d’Andrew Niccol.

Attendu avec curiosité, Good Kill, le nouveau film d’Andrew Niccol, aura ponctué la compétition de cette Mostra sur une note plutôt mitigée. Le réalisateur néo-zélandais s’y empare d’un sujet passionnant et portant à controverse, puisqu’il y est question de l’usage de drones dans la guerre au terrorisme menée par l’administration américaine. Matière sensible envisagée à travers le destin de Max Egan (Ethan Hawke, déjà complice de Niccol pour Gattaca et Lord of War), ancien pilote de chasse reconverti pilote de drones. Et menant, depuis une base du Nevada, des attaques sur des cibles distantes de milliers de kilomètres – qu’il s’agisse de talibans en Afghanistan, ou de présumés terroristes au Yémen -, avant de retrouver, sa mission quotidienne accomplie, femme (January Jones) et enfants dans un lotissement aux confins de Las Vegas. Un homme qui, de dommages collatéraux à répétition en ordres à la légitimité pour le moins discutable, va bientôt perdre pied…

Sur les pas d’Egan (auquel Hawke donne une allure voisine de celle de Tom Cruise dans Top Gun), Niccol inscrit son film dans une double dynamique, s’intéressant à la guerre technologique et aux questions éthiques qu’elle soulève, tout en tentant d’en mesurer l’impact psychologique. Vaste propos, on en convient. Mais s’il est sans conteste efficace, son film laisse aussi perplexe, tant le réalisateur y a la dramatisation lourde, là où sa volonté de ne pas faire oeuvre politique l’emmène en terrain ambigu. Un sentiment culminant dans un final grotesque, venu balayer d’un coup de joystick les réserves morales de son protagoniste, non sans le réconcilier avec un idéal familial un temps mis en péril. This is America, après tout…

Vous avez repéré une erreur ou disposez de plus d’infos? Signalez-le ici

Partner Content