Critique | Cinéma

Misanthrope: thriller efficace mais sans surprise

3 / 5
© National
3 / 5

Titre - Misanthrope

Réalisateur-trice - De Damián Szifron.

Casting - Avec Shailene Woodley, Ben Mendelsohn, Jovan Adepo.

Durée - 1h58

Dans Misanthrope, une jeune inspectrice taciturne et un vieil enquêteur désabusé traquent un tireur fou dans ce thriller efficace mais sans vraie surprise.

Tout commence une nuit du Nouvel An. Alors que New York fait la fête sur ses rooftops, les déflagrations des feux d’artifice couvrent le bruit de balles mortelles qui font près de 30 victimes et sèment la terreur dans la ville. Alors que les services de secours parent au plus urgent et que les habitants fuient dans tous les sens, une jeune policière se rend au cœur du drame, comme mue par un instinct irrépressible. Elle impressionne le responsable du FBI qui mène l’enquête et qui s’adjoint ses services, persuadé qu’elle mieux qu’un autre pourra lui permettre de comprendre les motivations du tueur, et définir son profil. Empêchés par leur hiérarchie, ils se lancent dans une traque effrénée pour mettre la main sur le meurtrier et faire cesser le bain de sang. Sauf que ce bain de sang, finalement, n’est qu’un parmi tant d’autres tueries de masse. Car ce que met en lumière ce très sombre Misanthrope, c’est la fascination de toute une société pour les armes à feu, leur prolifération à tous les niveaux, de l’espace public à l’espace privé.

L’affichage de ce contenu a été bloqué pour respecter vos choix en matière de cookies. Cliquez ici pour régler vos préférences en matière de cookies et afficher le contenu.
Vous pouvez modifier vos choix à tout moment en cliquant sur « Paramètres des cookies » en bas du site.

Dix ans qu’on attendait des nouvelles du réalisateur argentin Damián Szifron, depuis Les Nouveaux Sauvages. Le succès de ce dernier lui a entrebâillé les portes d’Hollywood, qui ont mis un peu plus de temps que prévu à s’ouvrir. Après des projets avortés avec Miramax et la Warner, le tournage de Misanthrope, projet qu’il nourrit depuis de nombreuses années, a été reporté par la pandémie. Avec ce nouveau film, Szifron s’éloigne de l’humour noir qui caractérisait son cinéma pour s’essayer à un genre bien balisé, celui du film de serial killer, cochant au passage quelques cases prévisibles tout en déjouant certaines attentes, notamment via la charge appuyée contre la société de (sur)consommation qui pourrait bien représenter le vrai danger, ou contre un système gangrené de l’intérieur par des arbitrages politiques désespérément cyniques.

Eleanor (Shailene Woodley) fait preuve d’une intuition redoutablement efficace qui, couplée au savoir-faire et à l’opiniâtreté de son supérieur Lammark (Ben Mendelsohn), permet de cerner petit à petit le profil du tueur, dont la misanthropie fait écho à celle de l’inspectrice. Mais quand l’un retourne sa violence vers l’extérieur, l’autre se l’inflige à elle-même. Szifron livre un thriller efficace où la tension relève plus de la pourriture du contexte sociétal que de la menace que fait planer le serial killer, finalement peut-être moins inquiétante que celle induite par un monde à la dérive. Bien décidé à dénoncer la folie des armes à feu, le cinéaste met néanmoins mal à l’aise en filmant avec ce qui peut apparaître comme une certaine complaisance l’utilisation de ces dernières, notamment lors de la scène finale, alors que le scénario laissait entrevoir une fin audacieuse. Trop audacieuse pour le film et le contexte, peut-être.

Vous avez repéré une erreur ou disposez de plus d’infos? Signalez-le ici

Partner Content