Titre - Megalopolis
Genre - Drame SF
Réalisateur-trice - De Francis Ford Coppola
Casting - Avec Adam Driver, Nathalie Emmanuel, Giancarlo Esposito.
Durée - 2 h 18
Francis Ford Coppola déçoit avec Megalopolis, son nouveau film longtemps attendu comme un véritable graal cinématographique.
À Cannes, en mai dernier, où il était présenté en Compétition, Megalopolis a littéralement été étrillé par la critique internationale, toujours prompte, bien entendu, à descendre en flammes celles et ceux qu’elle a jadis portés aux nues. Méritait-il cette volée de bois vert? Oui et non. Oui, parce que le 23e long métrage réalisé par Francis Ford Coppola est objectivement raté. Non, parce qu’il contient cent fois plus de passion, d’audace et d’idées que la plupart des films qui sortent chaque semaine dans les salles.
Grand fantasme autofinancé que Coppola a commencé à imaginer dès la fin des années 70, le film se présente sous la forme d’une espèce de vaste épopée romaine située dans une Amérique moderne semi-imaginaire en pleine déliquescence. Et plus précisément à New Rome, sorte de ville-valise allégorique en quête de changement, où se joue un conflit majeur entre César Catilina (l’incontournable Adam Driver), architecte génialement illuminé ayant le pouvoir secret d’arrêter le temps, et le maire archi-conservateur de la cité, Franklyn Cicero (Giancarlo Esposito, inoubliable Gus Fring des séries Breaking Bad et Better Call Saul). Le premier, rongé par la culpabilité, rêve d’un avenir utopique idéal et d’un monde meilleur, tandis que le second, adepte forcené du surplace, ne pense qu’à maintenir les privilèges établis, les habitudes cupides et les milices privées. Tiraillée entre ces deux hommes, la fille de Cicero, Julia (Nathalie Emmanuel, fière conseillère de la mère des dragons dans Game of Thrones), va devoir découvrir ce qui lui semble être la meilleure option pour le futur de l’humanité…
Cité miroir
Lui-même grand maître du temps, Coppola se projette d’évidence dans le génie artistique hors-sol du tourmenté César Catilina. Bourré de bonnes intentions et d’intuitions théoriques intéressantes sur papier, son film-monde cherche d’évidence la nuance et la complexité, mais ne les trouve pour ainsi dire jamais. La plupart du temps, Megalopolis ressemble en effet à un mauvais Batman, (très) moche et volontairement (?) ridicule, qui aurait été dialogué par un dictionnaire des citations coincé en mode aléatoire. Pompeuse fable politique ponctuellement traversée de surprenantes fulgurances plastiques, le film ploie sous ses intentions pataudes et beaucoup trop lisibles, édifice brinquebalant conçu avec du cœur, certes, mais un esprit singulièrement confus et embrumé. Et pourtant… Pourtant, impossible de détester tout à fait cette œuvre en apparence malade tendue comme un miroir sans fard à la vulgarité du monde. À 85 ans, Coppola, éternel grand enfant rêveur, y cherche et tente constamment des choses, caressant la chimère de réinventer les possibilités mêmes offertes par le médium cinéma. Rien que pour ça, bon sang, quel panache! Mais aussi, diantre, quel gâchis!
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