Titre - Maestro
Réalisateur-trice - De Bradley Cooper.
Casting - Avec Bradley Cooper, Carey Mulligan, Matt Bomer
Durée - 2 h 09
Avec Maestro, Bradley Cooper confirme ses talents de réalisateur avec un biopic enlevé consacré au chef d’orchestre et compositeur Leonard Bernstein.
À l’instar de Clint Eastwood, qui l’a dirigé dans American Sniper et The Mule, Bradley Cooper a décidé, depuis quelque temps, d’ajouter à sa casquette de comédien celle de réalisateur. Cinq ans après son remake réussi de A Star Is Born, voici donc Maestro, venu attester d’un incontestable talent de metteur en scène, en plus de souligner le prisme musical qu’il semble vouloir imprimer à ce volet de son parcours. Continuant d’ausculter la société du spectacle, Cooper s’y attelle en effet au portrait du légendaire chef d’orchestre et compositeur américain Leonard Bernstein, auteur notamment de la partition de West Side Story. Un Bernstein qu’il envisage par le prisme de sa relation avec l’actrice de théâtre costaricaine Felicia Cohn Montealegre (Carey Mulligan). Une love story tourmentée qui donne sa toile de fond à un film s’attachant à cerner la personnalité complexe de l’artiste, dans un ballet où musique et sentiments se répondent.
Dimension intime
Lenny, l’acteur-réalisateur s’emploie donc à en restituer les multiples facettes, personnalités publique et privée se rejoignant dans une même dualité. Soit un artiste de génie, dont le talent fut révélé à l’âge de 25 ans à peine quand il dut remplacer au pied levé Bruno Walter à la tête de l’Orchestre philharmonique de New York pour un concert au Carnegie Hall radiodiffusé dans l’Amérique entière. Mais qui allait ensuite être tiraillé entre sa consécration dans le monde de la musique classique et son aspiration à écrire des musicals. Et aussi un homme s’engageant dans un mariage au long cours dont naîtront trois enfants (qui ont donné leur blanc-seing au film) sans faire mystère d’une bisexualité dont Felicia s’accommodera, leur histoire d’amour se révélant à l’épreuve des tempêtes et des tendances dépressives du maestro derrière le maelström de son hyperactivité.
S’il privilégie la dimension intime au volet strictement créatif, Bradley Cooper n’en confère pas moins à ce Maestro une texture typiquement musicale, variant les humeurs et les tempos au gré d’une mise en scène léchée, et orchestrant avec doigté une narration kaléidoscopique bien servie par une alternance de noir et blanc élégant et de couleur. En ressort un hommage vibrant à l’homme comme à l’artiste d’exception, que l’acteur-réalisateur, au-delà de la polémique ridicule sur sa prothèse nasale, campe avec mimétisme et fougue, à quoi Carey Mulligan offre un contrepoint lumineux avec l’une de ces compositions bouleversantes dont elle a le secret. Signant une love story new-yorkaise enlevée que son classicisme inspiré semble destiner aux Oscars, Bradley Cooper s’impose, en tout état de cause, comme un cinéaste avec qui il va falloir compter…
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