Critique | Cinéma

Little Girl Blue: une lettre d’amour à une mère

4 / 5
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Titre - Little Girl Blue

Genre - Drame documentaire

Réalisateur-trice - Mona Achache

Casting - Avec Marion Cotillard, Marie Bunel, Marie-Christine Adam

Sortie - En salles le 3 avril 2024

Durée - 1 h 35

Avec Little Girl Blue, Mona Achache livre un film qui relève autant
de la thérapie que de la lettre d’amour à sa mère.

« J’ai toujours cet espoir d’être comprise, soit après ma mort, soit après coup. » Ces mots sont ceux de Carole Achache, écrivaine, photographe et actrice. Femme aussi, mère, fille et épouse, au destin tragique. Une vie de souffrance, dont Mona Achache, sa fille, va s’employer à traquer, aussi, les moments de joie .

Little Girl Blue débute dans un appartement vide, où trône une montagne de caisses pleines de documents, héritage d’une mère Mona Achache sur la piste de la sa mère dans Little Girl Bluequi toute sa vie a consigné ses doutes, tourments et interrogations. Un héritage et une habitude qui font écho au propre passé de Carole, dont la propre mère, Monique Lange, romancière, scénariste et éditrice, a elle-même largement témoigné des douleurs de son existence. Mona Achache, comme perdue parmi cette montagne de photos et de documents, débute une ascension qui la mènera vers la réconciliation avec cette mère multiple et incandescente, aussi vibrante que difficile à aimer. Elle met en scène sa propre enquête, en réponse à celles menées par les femmes de sa lignée. Et pour rendre plus concret ce dialogue qui s’ouvre au début du film, elle recourt à l’artifice ultime de la fiction: elle confie le rôle de sa mère disparue à une actrice, Marion Cotillard. La comédienne débarque dans le bureau de la cinéaste. Elle se met littéralement à nu pour endosser le costume de son personnage. Elle adopte son parfum, ses bijoux, ses lunettes. Bientôt, elle prendra sa voix. Elle se livre à une performance stupéfiante, qui tient autant de la métempsycose, tant elle semble animée par l’âme de la disparue, que de l’exercice de style. On la voit dans toute la puissance de son art, on la voit aussi dans le doute et les échecs. À cet endroit, Little Girl Blue délivre un fascinant documentaire sur le travail de l’actrice.

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Travail de mémoire

Mais l’on aurait tort de s’arrêter à cette prestation, aussi saisissante soit-elle. Le travail sur les archives est impressionnant. Il y a les écrits de Monique Lange et de Carole Achache, publiés ou non d’ailleurs, des photos personnelles, des interviews officielles et des films de famille, mais aussi des archives collectives. Une conversation s’engage entre les générations, et s’étend hors du cercle familial, pour épouser une dimension plus large. Le film s’interroge sur la transmission des traumas familiaux, mais aussi du goût des belles choses, sur la compatibilité de la vie d’artiste et de la vie de mère, sur la façon dont les mécanismes d’emprise peuvent se léguer de mère en fille, tant qu’on ne les nomme pas. S’il fourmille de pistes, s’aventurant parfois sur des voies sans issue, le film ose une hybridité dans la forme réjouissante et stimulante, qui le rapproche du courant de la littérature de l’enquête, où un regard situé sur une histoire personnelle ouvre une fenêtre sur l’état du monde.

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