Les temps forts du festival Anima

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Nicolas Clément
Nicolas Clément Journaliste cinéma

L’Europe comme l’Asie, les étudiants comme les professionnels, les petits comme les grands: en février, tout le monde converge vers Flagey à Bruxelles pour célébrer comme il se doit le cinéma d’animation. Tour d’horizon en quelques temps forts de la 37e édition du Festival Anima.

La fête à Patar et Aubier

Chantre joyeusement loufoque d’une animation speedée où le travail singulier sur les voix se traduit en impayables accents, le tandem formé par le Gaumais Vincent Patar et le Liégeois Stéphane Aubier fête cette année les 30 ans (!) de son Picpic André Shoow, acte de naissance électrisé d’une fructueuse collaboration qui engendrera le déjanté Panique au village mais aussi le fondant Ernest et Célestine en compagnie de Benjamin Renner. Anima les honore le 15 février en projetant le docu que leur consacre le cinéaste-cinéphile Fabrice du Welz, Des Cowboys et des Indiens, le cinéma de Patar et Aubier, nouveau film de la collection « Cinéastes d’aujourd’hui » initiée par la Cinémathèque de la Fédération Wallonie-Bruxelles. La projection sera suivie d’une after-party ouverte à tous avec Vincent Tavier et Jacky Lambert aux platines. Ça promet…

Ernest et Célestine
Ernest et Célestine© DR

La totale Lastman

On a beaucoup parlé de la BD Lastman, délirante saga au long cours cornaquée par le trio Vivès, Balak et Sanlaville. On a moins fait l’éloge de son prequel télévisé. Et pourtant… Centrée sur les débuts en tant que boxeur amateur de l’inénarrable Richard Aldana à Paxtown, la ville de tous les vices, la série carbure aux bastons dantesques et aux envolées surnaturelles sur fond de nostalgie Dragon Ball. Un plaisir régressif au possible, donc, mais aussi profondément irrévérencieux, violent et très adulte parfois dans son maniement de la formule qui claque. Soit 26 épisodes de treize minutes à s’avaler d’une traite le samedi 10 février entre 19h45 et 3 h du mat’. Durant les pauses (on n’est pas des bêtes…), le duo « électropicaliste » Alek et les Japonaises se fendra d’une triplette de courts showcases forcément très foufous.

Lastman
Lastman© DR

La rencontre Peter Lord

Au début des années 70, il co-fondait à Bristol ce qui allait devenir l’une des plus importantes enseignes d’animation au monde: Aardman, studio spécialisé dans la stop-motion (animation image par image). Créateur culte de la série Morph et producteur de génie en matière de courts ou de longs (les Wallace & Gromit, Shaun the Sheep…), Peter Lord a également co-réalisé Chicken Run et The Pirates!. Gageons que l’animal aura de bien belles choses à raconter durant les 90 minutes de rencontre imparties le 13 février dans l’après-midi. L’occasion aussi de découvrir, les 11 et 18 février, le préhistorique Cro Man (ou Early Man en VO), nouveau gros bébé de la famille Aardman fraîchement sorti en salles, mais également de se replonger, le 14 février, dans les aventures de Wallace et Gromit avec le classique A Close Shave et l’inédit A Matter of Loaf and Death.

Wallace et Gromit
Wallace et Gromit© DR

La masterclass Michael Dudok de Wit

Aussi lent -ou patient, c’est selon- dans son processus de création que ses films sont contemplatifs, il est tout simplement l’un des plus brillants cinéastes en activité, toutes catégories confondues. Grand enfant rêveur doublé d’un perfectionniste maladif à qui l’on doit les courts Le Moine et le poisson et Father and Daughter mais aussi bien sûr le sublime long métrage à l’ambition cosmique La Tortue rouge, le réalisateur batave Michael Dudok de Wit viendra parler, le 14/02, de ce qu’il appelle la  » créativité intuitive« , multiples exemples à l’appui. Et puisque Anima se montre peu avare en invités, on s’en voudrait de ne pas signaler au passage la venue, le 17/02, de Marion Montaigne, bédéiste qui en avait régalé plus d’un en télé avec Tu mourras moins bête, afin de présenter l’état d’avancement de son premier long, mêlant live et animation: Panique organique.

La Tortue rouge
La Tortue rouge© DR

Mais aussi…

Volée de courts métrages, panorama belge, menu spécial kids, sélection de Saint-Valentin, nuit animée, concerts, installations, workshops, hommage à Picha, conférence de Michel Ocelot, plein feu sur l’Estonie par le biais d’une vaste rétrospective et d’une expo… Anima voit large et gourmand. En ouverture, le premier film en solo de Nora Twomey, collaboratrice de longue date de l’incontournable Tomm Moore (Le Secret de Kells, Le Chant de la mer), devrait logiquement faire l’événement: parrainé par Angelina Jolie, The Breadwinner s’attache au destin hors norme d’une jeune fille obligée de se faire passer pour un garçon afin de subvenir aux besoins de sa famille dans un Kaboul dévasté par la guerre. De l’Italie à la Chine, de l’Allemagne au Japon, la compétition, riche en adaptations -du manga Blame!, du comic Mutafukaz, de la BD de Kris et Étienne Davodeau Un homme est mort…-, promet aussi du lourd. Et les reprises ( Le Grand Méchant Renard) bien du plaisir.

Festival Anima, du 09 au 18/02 à Flagey (et à la Cinematek), Bruxelles. Décentralisations à Anvers, Ath, Charleroi, Gand, Genk, Liège, Louvain, Mons et Namur. www.animafestival.be

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