Les séries s’invitent à la Berlinale

L'acteur Bob Odenkirk dans le rôle de Saul Goodman, dans la série Better Call Saul. © Netflix
Flora Eveno Stagiaire

L’illustre festival international du film de Berlin ouvre ses portes du 5 au 15 février, l’occasion de créer pour la première fois une catégorie spéciale « séries télévisées ». Une énième confirmation que les séries n’ont plus rien à envier au cinéma.

Better Call Saul, le spin-off tant attendu du Breaking Bad, la danoise Follow the money, ou encore Bloodline, en tout, ce seront huit nouvelles séries qui seront présentées à la Berlinale cette année. Le festival cinématographique accueille pour la première fois les séries télévisées dans une section spéciale, les « Berlinale Special Series » les 9 et 10 février. En 2013 déjà, la géniale série uni-saison Top of the Lake de Jane Austen avait été diffusée en partie dans les salles obscures du festival de la ville de l’ours.

Infidélités au Septième Art

Si la Berlinale apparaît comme pionnière en récompensant et en donnant une existence aux séries télévisées hors canapé, le mariage des deux mondes ne date pas d’hier. L’entremêlement a toujours existé, de nombreux mastodontes du secteur cinématographique ont flirté avec le petit écran, Michel Gondry (un épisode pour Flight of the Conchords), Steven Spielberg (un épisode pour Columbo, The Psychiatrist, deux épisodes pour Night Gallery), Ridley Scott (producteur de The Good Wife) et tant d’autres… Si généralement la collaboration est furtive, le temps d’un épisode, David Lynch (Twin Peaks) ou Jane Austen (Top of the Lake) ont quant à eux réalisé leur propre série. Chefs d’orchestre hors pair, ils ont en commun le contemplatif, le non-dit et une lenteur angoissante très adaptés au format série. Se prêtant à un exercice nouveau, les réalisateurs de films s’essayent aujourd’hui davantage aux séries. Plus libre et souvent moins guindé que le Septième Art, c’est « un espace moins contrôlé, encore à défricher, prêt à prendre des risques, avec des budgets inférieurs mais en croissance permanente » expliquait Leo Soesanto, critique cinéma et séries dans les Inrocks, en 2010.

Le « HBO effect »

Pour gagner un large public, les séries télévisées ont dû gagner en qualité scénaristique et technique, choses pas si évidentes avant le tournant des années 90. Le développement du DVD et de la VOD pousse la télévision à se réinventer. HBO perd du terrain et choisit de relancer la tradition sérielle, laissée de côté. Des monuments de réalisation voient le jour : Six Feet Under (par le scénariste d’American Beauty Allan Ball), Les Soprano (David Chase) ou encore The Wire (David Simon). Trois coups de génie consécutifs qui prouvent que la série peut être aussi intelligente et attrayante qu’un bon film. Les autres chaînes de télévision suivront le modèle HBO.

A la Berlinale, comme si il y avait besoin de se justifier, les organisateurs précisent que la catégorie « Berlinale Special Series » est née naturellement, le festival se devant de suivre un phénomène qualitatif grandissant. Les conditions de développement et de production des séries n’ont plus rien à envier à celles du cinéma, concluent-ils.

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