Critique | Cinéma

Les Schtroumpfs boostés par Rihanna et Joaquin Phoenix en shérif dépassé: le meilleur et le pire des sorties ciné

Les Schtroumpfs font leur grand retour au cinéma, boostés par Rihanna.

Le grand retour des Schtroumpfs, Joaquin Phoenix en shérif candidat maire et Emma Mackey dans le sud de l’Espagne: voici ce qu’on a pensé des sorties ciné de la semaine.

Les Schtroumpfs, le film

Film d’animation de Chris Miller. Avec les voix de Sofia Essaïdi, Rihanna, Jérôme Commandeur. 1h32.

La cote de Focus: 3,5/5

Les Schtroumpfs, le film, premier long métrage d’animation sur les petits lutins bleus depuis 2017, se veut un reboot moderne et actualisé de la marque Smurf. Dont acte: les voilà devenus «les anges gardiens du Bien» face à «l’alliance des sorciers maléfiques»!

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Soit un bloubi-boulga de références entre Avengers et Harry Potter plein de multivers, de personnages non-schtroumpfs et de techniques d’animation différentes, sans oublier une Rihanna très impliquée dans son rôle de Schtroumpfette devenue leader badass et reine du «positive thinking». Rien à voir donc, et pourtant: non, on n’a pas pleuré des larmes de sang, et on a même souri devant quelques bonnes idées (le Schtroumpf bruiteur, pas mal). Bref, amenez-y vos (petits-)enfants, ils s’y retrouveront. Ce sera sans doute moins le cas de vos propres souvenirs.

O.V.V.

Hot Milk

Drame de Rebecca Lenkiewicz. Avec Emma Mackey, Fiona Shaw, Vicky Krieps. 1 h 32.

La cote de Focus: 2/5

Hot Milk n’est ni le meilleur livre de Deborah Levy, ni le meilleur film tiré d’un de ses livres –pourtant Swimming Home, l’autre adaptation, n’était déjà pas brillant. Sofia accompagne sa mère handicapée dans le sud de l’Espagne, où celle-ci espère se faire soigner. Dans la torpeur d’un été caniculaire, elle se laisse charmer par Ingrid, sorte de version bobo du prince charmant qui débarque sur la plage sur son cheval blanc.

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Si l’on comprend les intentions de Rebecca Lenkiewicz (un double portrait de femmes complexes et ombrageuses), le résultat laisse perplexe, tant les personnages sont attendus sans pour autant être crédibles. On sauvera certes l’interprétation de Fiona Shaw, excellente, et d’Emma Mackey, mais la love story qui se déploie entre Sofia et Ingrid manque cruellement de chair et lasse par son caractère prévisible, tandis que l’affrontement final entre la mère et la fille laisse sans voix.

A.E.

Eddington

Comédie / western d’Ari Aster. Avec Joaquin Phoenix, Pedro Pascal, Emma Stone. 2h29.

La cote de Focus: 2/5

En l’espace de trois longs métrages, Ari Aster s’est imposé comme le portraitiste cynique de l’Amérique du XXIe siècle, s’emparant du genre horrifique dans Hereditary puis Midsommar, s’attachant ensuite aux névroses du héros comme figure de la paranoïa généralisée dans Beau Is Afraid. Avec Eddington, quatrième long métrage présenté en compétition à Cannes, le cinéaste new-yorkais revient avec un nouvel opus dans la droite lignée d’une misanthropie désormais glacialement assumée.

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Le film commence dans une petite ville, aux confins désertiques du Nouveau-Mexique. Un homme échevelé et pieds nus erre au bord de la route. Devant lui, un data center irradie, stoppant dans leur vol les pigeons. Joe Cross (Joaquin Phoenix) est le shérif dépassé de la petite bourgade voisine d’Eddington, dont l’autorité est sérieusement remise en question, à la maison comme au travail. Chez lui, sa femme Louise (Emma Stone), en pleine dépression, gobe sans sourciller les théories conspirationnistes de sa mère accro aux réseaux sociaux. Au travail, les patrouilles voisines composées de Native Americans lui donnent du fil à retordre, son propre effectif se distingue par un mélange détonnant de bêtise crasse et de racisme éhonté, les rares étudiants du coin manifestent dans la foulée de Black Lives Matter, et la déferlante sur le pays de l’épidémie de Covid-19 tend encore un peu plus la situation. Joe, indifférent à la marche du monde, prône un isolationnisme féroce et refuse d’instaurer le port du masque, tout comme il ne peut comprendre que la jeunesse se soucie de préoccupations qui lui semblent extérieures à la communauté. Son inadéquation totale avec l’époque culmine dans l’affrontement qu’il crée de toutes pièces en se présentant dans la course au poste de maire, provoquant en duel l’édile sortant, Ted Garcia (Pedro Pascal).

Aster dresse le portrait d’une Amérique qui implose quand le monde explose, affligée d’un corps social malade de s’être fracturé à l’infini. Suspendu à une actualité instable et mouvante, c’est comme si le monde grésillait, incapable de trouver la bonne fréquence, sautant de reel en reel dans une course perdue d’avance à la post-vérité. Au cœur de ce marasme, Joaquin Phoenix (certes impressionnant) figure une sorte de trou noir de bêtise qui absorbe tout -y compris les autres comédiens, relégué à des rôles de figurants de luxe. Aster montre la monstruosité du monstre, frôlant la redondance. Il mime le chaos du monde, mettant dans le même panier conspirationnistes, masculinistes, racistes, trumpistes, mais aussi «wokistes», affichant un cynisme qui vire à la misanthropie, clamant qu’il n’y a finalement rien à sauver de cette humanité. Et ce western revu et corrigé qui vire dans son dernier tiers au jeu vidéo gore, mode GTA activé, finit par se complaire dans ce cauchemar halluciné (et boursouflé), où le malaise et l’épuisement l’emportent sur l’adhésion.

A.E.

Super Happy Forever

Drame de Kohei Igarashi. Avec Hiroki Sano, Yoshinori Miyata, Nairu Yamamoto. 1h35.

Focus Vif: 2,5/5

Au cinéma, la plage reste un territoire privilégié pour explorer les affres de la mélancolie et du chagrin. C’est encore une fois le cas dans Super Happy Forever, chronique japonaise composée de deux segments anti-chronologiques. La première partie nous invite à suivre Sano, un jeune homme maussade, qui retourne à la station balnéaire où, cinq ans plus tôt, il a croisé la route de sa femme Nagi, désormais décédée. La deuxième partie, plus solaire, se concentre sur la rencontre en elle-même, et donne un sens nouveau au pèlerinage de Sano.

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L’idée est belle: en décrivant l’avant et l’après, Super Happy Forever tresse un vaste réseau d’échos de part et d’autre de la relation amoureuse, sans jamais la dévoiler. Mais malgré quelques belles scènes, le procédé demeure trop programmatique pour que l’émotion affleure. A l’image de la mise en scène, très attendue dans son minimalisme, le film tient davantage de la morosité de Sano que du caractère pétillant et plein de vie de Nagi.

J.D.P

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