Critique | Cinéma

L’édito: Sacrés Français!

Cédric Klapisch © GETTY
Laurent Raphaël
Laurent Raphaël Rédacteur en chef Focus

Vous en avez forcément croisé l’un ou l’autre, surtout si vous habitez dans la capitale. À première vue, rien ne les distingue des autochtones. Ni l’apparence, ni la langue. Mais un léger accent et une manière plus conquérante d’occuper l’espace trahissent ces Français qui ont posé leurs valises en Belgique.

Vous en avez forcément croisé l’un ou l’autre, surtout si vous habitez dans la capitale. À première vue, rien ne les distingue des autochtones. Ni l’apparence, ni la langue. Mais un léger accent et une manière plus conquérante d’occuper l’espace trahissent ces Français qui ont posé leurs valises en Belgique. Des valises qui ne sont pas toujours pleines de billets. Beaucoup d’artistes en herbe ou émergents ont fait le voyage. Pour notre sens de l’autodérision? Ou juste pour les prix du loyer et l’accès à l’enseignement supérieur? Réponse dans notre dossier. On reste en France avec l’élection présidentielle dont la campagne aura été parasitée par la guerre en Ukraine et la poussée de fièvre réactionnaire. Clairement, le débat n’a pas été à la hauteur des attentes. Et notamment des attentes des artistes qui n’ont pas encore trouvé refuge chez nous et qui ne cachent pas leur déception, voire leur dégoût. Florilège.

Laurent Raphaël

Cédric Klapisch – CINÉASTE

Cédric Klapisch
Cédric Klapisch© DR

« J’ai des attentes pour cette élection mais aussi beaucoup de désespoir. Malheureusement, on n’a pas les bons candidats. L’état de la politique française est terrible. Les enjeux cruciaux de notre époque comme l’urgence climatique sont totalement délaissés dans cette élection. On n’a pas d’hommes et de femmes politiques qui font rêver. J’attends des politiques qu’ils inventent une nouvelle façon de vivre. »

Gustave Kervern et Benoît Delépine – CINÉASTES

B.D.: « Nous on soutenait une écologie féministe, Sandrine Rousseau, mais malheureusement elle s’est fait jeter. »

G.K.: « Pour moi, l’écologie, c’est ce qu’il y a de plus important et urgent aujourd’hui. On va droit dans le mur. Il faut agir. J’ai toujours voté écolo. Selon moi, on va vers la catastrophe avec la candidature de Yannick Jadot. Il va être en dessous des 5 %. Forcément, on est désespérés. »

B.D.: « En plus le thème principal est devenu la guerre par la force des choses. Mais si ça n’avait pas été ça, ç’aurait été les migrants. De toute façon, l’extrême droite domine les débats. On est malheureusement loin de parler des questions les plus urgentes. Les vieux schémas masculinistes nous entraînent à la catastrophe. Bon, il peut encore y avoir des femmes politiques qui sont restées dans des schémas très virils, qui sont dans la surenchère, elles ne sont donc pas forcément la solution. Mais nous, on croit qu’on va y arriver. J’ai deux filles et je crois en elles. »

Gustave Kervern
Gustave Kervern© getty images

Gérard Mordillat – ÉCRIVAIN ET CINÉASTE

« Ma position cette année: boycotter la présidentielle, la disqualifier. J’appelle à ne pas voter. Montrons par l’évidence l’absurdité du système. Réussissons à faire 80% d’abstention, ce système-là est impossible, et pas démocratique. Refusons de voter. Je ne me fais pas d’illusion mais il faut refuser le système. »

Gérard Mordillat
Gérard Mordillat© getty images

David Sala – AUTEUR DE BANDE DESSINÉE

« De là où je viens (un grand-père engagé pour la cause républicaine pendant la guerre d’Espagne, NDLR), c’est sidérant de penser qu’on puisse entendre de tels discours fascistes aujourd’hui. À 15 ans, je pensais que le problème était résolu, qu’il n’y avait pas de retour en arrière possible. Là, on a une parole de droite, dure, très dure, et une partie de la population est prête à l’accueillir… »

David Sala
David Sala© Sophie Bassouls

Enki Bilal – AUTEUR DE BANDE DESSINÉE

« La guerre en Ukraine a un peu changé la donne. Je crains moins le second tour et l’extrême droite, même si, en tant qu’homme de gauche, je suis dévasté par ce que je vois, et aussi par le pavlovisme de la gauche: « Zemmour d’extrême droite! ». C’est sa seule proposition! Zemmour, c’est la vision d’une France figée, radicale, violente, à un point tel qu’il est impossible qu’il soit élu. Mais je déteste le binarisme, j’ai toujours défendu la nuance. »

Enki Bilal
Enki Bilal© getty images

POLAR EXPRESS Avec « Tokyo revisitée », l’Anglais David Peace ponctue brillamment sa trilogie sur le Japon d’après-guerre….

Posted by Focus Vif on Thursday, April 7, 2022

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