[Le film de la semaine] The Wall de Doug Liman, dans la ligne de mire

John Cena dans The Wall de Doug Liman. © DR
Louis Danvers
Louis Danvers Journaliste cinéma

FILM DE GUERRE | Un sniper irakien sème la terreur dans ce film de guerre original et riche en résonances.

L’attente est longue. Le tireur d’élite et son pointeur sont couchés à même le sable de ce désert irakien où s’achève une guerre. Leur mission: débusquer un sniper local qui multiplie les cartons contre les Américains venus participer aux travaux de reconstruction. Le temps passe, rien ne bouge. Jusqu’à ce que l’impatience pousse le tireur américain à quitter son poste, convaincu que plus personne ne hante le théâtre du dernier massacre en date. L’homme descend vers le pipe-line et les véhicules à l’arrêt, les cadavres sur le sol et le petit mur à demi écroulé qui les jouxte. Il ne sait pas qu’il est observé par un regard ennemi. Il ignore qu’un coup de feu va claquer, faisant basculer sa vie et celle de son pointeur resté en retrait, et qui va bientôt se précipiter à sa rescousse… Une erreur d’appréciation fatale déclenche le suspense prenant d’un film de guerre pas vraiment comme les autres. Une production indépendante, sentant la sueur et le plomb, la soif et la peur. Un spectacle d’une profonde noirceur sous le soleil écrasant. Comme un huis clos en plein air et en temps réel, au coeur d’un paysage de désert à perte de vue.

Spécialiste du cinéma d’action mené à 200 à l’heure (The Bourne Identity, Jumper, Edge of Tomorrow), Doug Liman surprend avec The Wall, aussi réduit en taille et en grand spectacle que ses films les plus connus donnaient dans le XXL. Avant de diriger Tom Cruise dans un American Made centré sur un trafiquant de drogue devenu allié de la police, le New-Yorkais de 51 ans s’est lancé le défi d’un petit budget aux fortes contraintes techniques et narratives, représentant par ailleurs un défi formel.

Jeu d’échecs

[Le film de la semaine] The Wall de Doug Liman, dans la ligne de mire

The Wall est produit par Amazon Studio, la division d’Amazon.com déjà responsable de Neon Demon et Manchester by the Sea. Pour incarner les personnages principaux, Liman a choisi Aaron Taylor-Johnson(Kick-Ass, Godzilla, Nocturnal Animals) et… l’ex-catcheur John Cena, star de la WWE (World Wrestling Entertainment). Ce dernier passe dans le film plus de temps au tapis que dans toute sa carrière cumulée de sportif démarrée en 2000… La menace du sniper irakien s’incarne, belle idée, dans sa seule voix qui communique via contact radio.

Si The Wall appartient d’évidence au genre militaire, il relève tout autant du thriller, du western et même un peu du film noir. Plus que d’un combat, c’est d’un jeu d’échecs qu’il est question entre des ennemis perdus dans l’immensité désertique. Si les armes y crachent le feu, les mots y font mouche avec une précision au moins égale. Des mots décochés avec force et justesse par le scénariste Dwain Worrell (actif sur la série télévisée Iron Fist) et prononcés en voix off par l’acteur Laith Nakli. Tourné en… Californie, avec un grain réaliste et organique qu’accentue la pellicule 16mm anamorphique, The Wall surmonte quelques baisses de tension et creux scénaristiques pour offrir une expérience prenante. Avec un twist final dévastateur et de quoi réfléchir à la guerre, pas seulement celle d’Irak.

De Doug Liman. Avec Aaron Taylor-Johnson, John Cena, Laith Nakli. 1 h 30. Sortie: 07/06. ***(*)

L’affichage de ce contenu a été bloqué pour respecter vos choix en matière de cookies. Cliquez ici pour régler vos préférences en matière de cookies et afficher le contenu.
Vous pouvez modifier vos choix à tout moment en cliquant sur « Paramètres des cookies » en bas du site.

Vous avez repéré une erreur ou disposez de plus d’infos? Signalez-le ici

Partner Content