Critique | Cinéma

La Petite Sirène en prise de vues réelles: moche et sans âme

1,5 / 5
© National
1,5 / 5

Titre - La Petite Sirène

Réalisateur-trice - De Rob Marshall

Casting - Avec Halle Bailey, Jonah Hauer-King, Javier Bardem.

Durée - 2h15

Nicolas Clément
Nicolas Clément Journaliste cinéma

Avec sa nouvelle version de La Petite Sirène, Disney offre un divertissement dispensable, moche et sans âme, à la morale datée.

Conte publié en 1837 par le Danois Hans Christian Andersen, La Petite Sirène a été adapté de nombreuses fois, sur scène, à la télévision et au cinéma. Avec, à chaque fois, des variations plus ou moins significatives. La transposition la plus célèbre et la plus populaire reste bien sûr celle délivrée par le classique d’animation Disney de 1989. Réalisé par John Musker et Ron Clements, tandem responsable de Basil, détective privé (1986) qui signera plus tard Aladdin (1992) ou encore Hercule (1997), le film est à l’époque un tel succès qu’il décroche deux Oscars (celui de la meilleure musique et celui de la meilleure chanson originale) et donne naissance à une suite et deux prequels (une série et un film).

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Trente-quatre ans plus tard, Disney, lancé plein pot dans sa politique mercantile de remakes en prise de vues réelles de ses classiques d’animation, replonge tête la première sous l’océan pour raconter peu ou prou la même histoire. Réalisé cette fois par Rob Marshall, vieux briscard du divertissement musical à qui l’on doit les films Chicago, Nine, Into the Woods ou encore Le Retour de Mary Poppins, La Petite Sirène version 2023 retrace ainsi le destin hors norme d’Ariel (la chanteuse, compositrice et comédienne afro-américaine Halle Bailey), fille cadette du roi Triton (Javier Bardem), sirène belle et fougueuse fascinée par le monde des humains. Tombant éperdument amoureuse du prince Éric (Jonah Hauer-King) après l’avoir sauvé de la noyade, elle passe un dangereux pacte avec Ursula (Melissa McCarthy), la sorcière des mers, qui lui octroie le pouvoir de vivre sur la terre ferme en échange de sa voix…

Là où le film de 1989, à l’efficacité redoutable et aux enjeux parfaitement ramassés, durait 1 heure 23, cette nouvelle version s’étire jusqu’à une longueur de 2 heures 15. Que se passe-t-il durant ces 52 minutes supplémentaires? Eh bien pas grand-chose, au fond, si ce n’est bien sûr quelques chansons en rab, une débauche inutile de scènes spectaculaires, des brouettes d’images cartes postales et une surenchère d’effets spéciaux (d’un niveau, disons, très inégal…) qui diluent et rallongent inutilement la sauce.

Plus problématique encore, en 2023, le personnage d’Ariel, avec ses jambes érotisées et ses rêves de passion romantique, semble terriblement daté. D’autant que la morale, assez douteuse, de l’histoire reste plus ou moins inchangée, à quelques maigres ajustements près (parfois ridiculement bien-pensants, d’ailleurs): renie ce que tu es pour vivre le grand amour. Voire pire: sois belle et tais-toi. Ou comment viser l’inclusivité dans son casting tout en y allant d’un message absolument antiféministe (lire le dossier page 28). Sur ce coup-là, c’est peu dire que Disney fait un gros plouf…

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